Afrique: Débattre de l'Internet avant qu'il ne pose des problèmes
Par Ruben Koops d'All Africa



Alors que Nairobi s'apprête à accueillir le sixième Forum sur la Gouvernance de l'Internet (FGI) en septembre, une réunion préparatoire s'est tenue aux Pays-Bas pour déterminer l'apport néerlandais à ce forum.

Le ministère néerlandais des Affaires économiques et de l'Innovation s'est chargé de convoquer cette réunion pour déterminer l'apport des Pays-Bas. En effet, la gestion de l'Internet nécessite une expertise commerciale spécifique et les Néerlandais sont spécialistes en la matière.
"Les Néerlandais ont effectivement trouvé un moyen permettant de réglementer le contenu que les fournisseurs d'accès à l'Internet mettent en ligne", affirme Mendi Njojo, coordinateur à la NL IFG et administrateur des fonds pour le compte de African technology and Transparency Initiative. "Sans tenir compte de votre situation géographique, les fournisseurs restent des entreprises à but lucratif et la question du rôle que jouent ces sociétés dans mon accès à l'Internet demeure, c'est-à-dire, ce que je peux ou ne peux voir".

Il s'est avéré efficace de discuter des questions de gestion alors que le développement électronique en est encore à un stade précoce, notamment en Afrique. Étant donné la faible présence de l'Internet, ainsi que son accès limité, il est possible d'envisager sérieusement la gestion, la réglementation et le rôle des sociétés commerciales. "Nous souhaitons recentrer le débat avant que les sujets centraux ne deviennent problématiques", déclare Mendi Njojo.

IICD

Le FGI NL n'a pas seulement offert un panel appréciable d'orateurs. Une série d'ateliers a été organisée en vue de recueillir des idées pour le grand sommet de septembre à Nairobi. Un de ces ateliers a été dirigé par l'Institut International pour la Communication et le Développement (IICD), une ONG qui investit dans les solutions informatiques aux problèmes de développement. Certes, elle oeuvre dans le monde entier, mais elle se focalise sur neuf pays africains à des niveaux de développement différents.

"Nous voulons que les utilisateurs locaux comme les fermiers et les commerçants conçoivent leur propre site", déclare Stijn Van der Krogt, directeur du programme du pays. "Cela n'a pas de sens de juste offrir aux fermiers du Ghana un dispositif prévisionnel du climat. Pour une information utile, les données sont nécessaires. Ainsi, afin de concevoir un programme fiable qui fournisse des informations relatives aux prix, vous avez besoin d'informations fournies par au moins un millier de fermiers. Ces derniers transmettent des données sur leur production de façon quotidienne."
Afin de susciter de l'intérêt pour les programmes de l'IICD, M. Van der Krogt fait usage d'une variété de chaînes différentes pour atteindre le nombre requis d'utilisateurs. Selon M. Van der Krogt, ce ne sont non seulement les publicités sur le net et les messages qui ont un impact positif, mais également, les médias traditionnels comme la radio "qui constitue encore le média de masse le plus important dans la plupart des endroits en Afrique".

Le directeur des projets met l'accent sur l'importance du fait que les utilisateurs locaux fournissent des informations. Ce projet peut paraître vague et sans importance. Seulement, les résultats sont nécessaires. "Jusqu'à présent, plus de 10 pour cent du revenu d'un Africain moyen est consacré aux communications à caractère social comme les textos et le net. Si une partie de ce budget est déviée pour le développement économique, elle générera un plus grand revenu".

Évolution

Malgré l'avance du Kenya sur le reste de l'Afrique en termes de technologies de l'information, des problèmes demeurent. À titre d'exemple, le transfert d'argent par téléphone portable est un concept entièrement nouveau au Kenya, qui permet le transfert de petites sommes d'argent à partir d'un téléphone portable. M-Pesa, m-money en Swahili. Il s'agit d'une application particulièrement utile pour des millions de Kenyans économiquement actifs, mais n'ayant pas de compte bancaire.

Cependant, comme d'habitude, le secteur bancaire traditionnel, complètement exclu du système, s'oppose à cette nouvelle forme de financement. En effet, le transfert d'argent par M-Pesa ne requiert pas l'implication des banques. Par conséquent, ces dernières ont exercé une pression sur le ministre kenyan des Finances Uhuru Kenyatta pour la régularisation de ce marché. Cependant, selon l'administrateur des fonds, Njojo, ce qui s'en est suivi constitue un exemple de la prise de conscience des possibilités qu'offrent les technologies de l'information au Kenya.
"Curieusement, la Banque Centrale et Uhuru ont agi de façon favorable. Ils ne souhaitent pas que les politiques étouffent l'innovation. Pour cela, ils ont opté de laisser ces sociétés de transfert d'argent par téléphone portable innover et ont reporté la mise en application des lois et réglementations".
 
Juin 2011

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