La France et l’Allemagne veulent relancer l’Europe du numérique
Par Nicolas Rauline

Le couple franco-allemand organise une conférence sur le numérique ce mardi à l’Elysée. Paris et Berlin veulent accélérer la construction d’une Europe du numérique.

Le couple franco-allemand veut parler d’une même voix sur le numérique. Alors que l’Europe a souvent été divisée sur les questions de régulation ou de fiscalité, Paris et Berlin espèrent créer une dynamique et entraîner dans leur sillage d’autres Etats. C’est dans cet esprit qu’est organisée ce mardi à l’Elysée la première conférence franco-allemande sur le numérique. Elle avait été décidée il y a six mois, après le Conseil franco-allemand puis la lettre envoyée à la Commission européenne par la France et l’Allemagne, pour pousser certains sujets à l’agenda européen.

« Nous sommes face à un double défi : une meilleure intégration européenne, qui implique d’avoir davantage d’ambition sur le numérique, avec notamment la création d’un véritable marché unique, et la nécessité de tirer profit des nombreuses opportunités qu’offre le numérique », explique le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron.

Une coopération financière

Plusieurs ateliers et tables rondes réuniront décideurs allemands et français, avec l’ambition d’encourager le dialogue et la coopération entre les écosystèmes de start-up, d’investisseurs... Le tout sous l’égide d’Angela Merkel, François Hollande et Jean-Claude Juncker, à qui seront présentées des innovations françaises et allemandes. Plusieurs initiatives concrètes vont être lancées, comme l’Alliance pour l’industrie du futur. Concernant le financement des start-up, une plate-forme collaborative va voir le jour afin de faciliter des co-investissements entre banques publiques. Chaque fois que la BPI investira dans une start-up, ses homologues allemande et italienne seront prévenues en amont et pourront investir à ses côtés, et inversement. Objectif : pouvoir financer de grosses levées de fonds en Europe, de l’ordre de plusieurs dizaines de millions d’euros, et ainsi concurrencer les fonds américains. « Le but est de créer à terme un véritable fonds de capital-risque européen, pour aider à constituer en Europe des “licornes”. Une volonté complémentaire de notre stratégie d’attractivité qui vise notamment à faire venir des investisseurs étrangers », ajoute Emmanuel Macron.

Les deux pays pourront s’appuyer sur les propositions du Conseil national du numérique et son homologue allemand, le BJDW, qui remettront ce mardi une quinzaine de propositions, comme l’enseignement d’un socle commun sur le numérique dans toute l’Europe, la création d’un Start-up Erasmus avec des bourses européennes, un régime social et fiscal harmonisé pour les start-up innovantes, ou encore une collaboration renforcée dans le Big Data et les objets connectés.

Un rôle d’entraînement



L’épineuse question de la protection des données personnelles devrait aussi être abordée, quelques semaines après la remise en cause de l’accord Safe Harbor, qui facilitait le transfert de données entre l’Europe et les Etats-Unis. « La France et l’Allemagne sont parfaitement alignées. Une décision très imparfaite avait été prise au moment du Safe Harbor. Depuis fin 2013, nous poussons avec l’Allemagne pour une régulation au niveau européen capable de garantir le respect de la vie privée, souligne Emmanuel Macron. La situation actuelle pose de gros problèmes à toutes les entreprises, il faut donc trouver une solution rapide, mais qui redonne à l’Europe les moyens de vérifier le respect de la vie privée et de réguler efficacement les plates-formes. » Des chantiers multiples, sur lesquels la France et l’Allemagne devront entraîner les autres Etats membres...

L’usine du futur et ses normes

L’association Alliance pour l’industrie du futur lance des groupes de travail commun avec les représentants de la plate-forme allemande Industrie 4.0, pour échanger sur les expériences d’usines du futur, la place du travail et de la formation dans une industrie connectée mais aussi sur le devenir des normes. Face aux initiatives américaines, chinoises, japonaises, celles-ci seront un enjeu crucial lors de la mise en réseau des machines. Pas question de faire cavalier seul comme lors de l’instauration de normes européennes pour les bornes de recharge des voitures électriques.


29 Octobre 2015

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