Le G7 progresse sur le climat et discute de nouvelles sanctions envers Moscou
Par Yves-Michel Riols (Elmau, envoyé spécial) et Frédéric Lemaître (Elmau, envoyé spécial)

Un accord sur le climat et un renforcement éventuel des sanctions contre la Russie : telles sont les principales conclusions du sommet du G7 qui s’est achevé, lundi 8 juin, dans le château-hôtel bavarois d’Elmau, en Allemagne.

A moins de six mois de la conférence sur le climat de Paris (COP21), qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande, ont avant tout voulu mobiliser sur la lutte contre le réchauffement climatique.



« Maintenir la hausse de la température au-dessous de 2 °C »

L’objectif principal de cette rencontre, vue de Berlin et de Paris, a été atteint : confirmer l’engagement explicite des sept pays industrialisés (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Royaume-Uni et Italie) de « maintenir la hausse de la température moyenne dans le monde au-dessous de 2 degrés celsius », selon les termes du communiqué final adopté à l’issue de cette réunion. Ce seuil avait été fixé lors de la conférence sur le climat de Copenhague en 2009 qui s’était soldée par un échec. Cette référence aux 2 degrés figure désormais dans le document approuvé par les pays du G7. Pour y parvenir, précise le texte, il faudra, d’ici à 2050, une réduction « des émissions mondiales de gaz à effet de serre » se situant « entre 40 et 70 % par rapport à 2010 ».

Hôte du sommet, Angela Merkel a insisté sur le fait que le G7 se dit favorable à l’adoption à Paris de « règles contraignantes ». Même Greenpeace juge que la réunion d’Elmau a « tenu ses promesses ». Reste maintenant à mettre en musique cette ambition. Surtout que le G7 s’est montré moins précis sur les engagements financiers mis en place pour faciliter la transition énergétique des pays du Sud.

Eviter de répéter l’erreur commise à Copenhague



De son côté, le pésident français, François Hollande, a qualifié ces objectifs « d’ambitieux et réalistes », lors de sa conférence de presse, lundi. Pour M. Hollande, il faut maintenant poursuivre sur cette lancée pour obtenir un « préaccord » avant l’ouverture de la conférence sur le climat à Paris. La France insiste depuis des mois pour boucler un accord avant l’ouverture officielle de la conférence de Paris. Et ce afin d’éviter de répéter l’erreur commise à Copenhague, lorsque les délégations ont misé, à tort, sur l’implication tardive des chefs d’Etat et de gouvernement.
Le texte de Paris, a poursuivi M. Hollande, devra préciser les « engagements » spécifiques des pays participants et des mécanismes de « financements » pour assurer la transition énergétique dans les pays en développement afin de leur permettre de « sauter une étape » sans « passer par la case fossile ».

Pour atteindre ce but, encore faut-il que chacun alimente la cagnotte de ce vaste projet de « décarbonisation » de l’économie mondiale. M. Hollande a rappelé que l’objectif demeurait de récolter 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. Un but qui n’est pas encore atteint. « Nous devons encore voir avec l’ensemble des acteurs, privés et publics, comment y arriver », a reconnu M. Hollande.

L’autre priorité de ce G7 a été d’afficher une position de fermeté vis-à-vis de Moscou, exclu de ce forum l’année dernière après l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie. Alors que la situation en Ukraine demeure tendue, François Hollande a jugé « vraisemblable » la prolongation des sanctions adoptées contre la Russie par l’Union européenne lors du prochain Conseil européen, à la fin juin.



Même si le cessez-le-feu et les autres mesures de règlement du conflit contenues dans les accords de Minsk, conclus en février, sont loin d’être respectées, M. Hollande n’a toutefois pas estimé que ces violations appelaient à une « aggravation » des sanctions contre la Russie. Un tel durcissement serait envisagé, a-t-il précisé, s’il est « démontré que la Russie continue d’armer » et de soutenir activement les séparatistes prorusses de l’Est de l’Ukraine. Et si les autorités autoproclamées de ces régions sabotent ouvertement le processus de Minsk. En attendant, a affirmé M. Hollande, « il n’est pas question » de lever les sanctions contre la Russie.

Force est de constater que M. Hollande a adopté un ton nettement moins tranché que Barack Obama, qui avait dénoncé, dès son arrivée en Bavière, « l’agression russe en Ukraine ». A l’issue du sommet, le président américain a reconnu qu’il y avait eu « discussion » sur le durcissement éventuel de sanctions contre la Russie si le Kremlin continue de déstabiliser l’Ukraine. Il s’est montré offensif à l’égard du président russe, en se demandant si l’intérêt de Vladimir Poutine était d’isoler la Russie en « poursuivant un désir erroné de recréer les gloires de l’empire soviétique ». Quant à Mme Merkel, elle a insisté sur la « communauté de valeurs » que partagent les pays du G7. Une façon de dire que la Russie ne va pas de sitôt retrouver sa place à la table du G7.


11 Juin 2015

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