Compte rendu
Paris veut tenter une ouverture vers la Syrie

Par Arnaud Leparmentier




Le président français, Nicolas Sarkozy, va dépêcher dans les prochains jours, sans doute jeudi 12 juin, deux émissaires en Syrie, son conseiller diplomatique Jean-David Lévitte et le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant. L'Elysée a confirmé l'information lors d'un voyage éclair du chef de l'Etat à Beyrouth le 7 juin.


Accompagné notamment du premier ministre, François Fillon, et des principaux dirigeants de partis français, le chef de l'Etat voulait être le premier dirigeant occidental à saluer l'élection du président de la République libanaise, le général Michel Sleimane, bloquée pendant des mois par la Syrie, selon les partis de la majorité libanaise. M. Sarkozy, qui avait rompu le dialogue avec son homologue syrien, Bachar Al-Assad, le 30 décembre 2007, a estimé que cette élection permettait de tenter de renouer un dialogue.

Il a déclaré au quotidien L'Orient-Le Jour qu'"une nouvelle page est peut-être en train de s'ouvrir entre la France et la Syrie". A Rome, il avait jugé "vraisembl la présence de M. Al-Assad à Paris le 13 juillet, à l'occasion du lancement de l'Union pour la Méditerranée.
 

La visite du président français Nicolas Sarkozy au Liban a été l'occasion d'une "ouverture progressive" en direction de la Syrie, avec qui Paris avait suspendu ses relations en 2007, rapporte, dimanche 8 juin, la presse de Beyrouth.

En privé, il n'exclut pas de se rendre à Damas si la situation évolue favorablement au Liban. Pour cela, il conviendrait que M. Al-Assad, qu'il a appelé au téléphone après l'élection de M. Sleimane, pousse à la mise en oeuvre des accords de Doha sur le Liban.

Pour l'Elysée, l'ouverture d'une ambassade syrienne au Liban, annoncée à nouveau par Damas après plusieurs promesses non tenues, la constitution d'un gouvernement d'union nationale par le premier ministre libanais, Fouad Siniora, et la paix civile ont "un sens". "J'ai dit au président Assad que les pourparlers indirects de son pays avec Israël via la Turquie allaient également dans le bon sens", a déclaré M. Sarkozy, qui juge légitime de dialoguer avec Damas quand Israël le fait.

EVITER UN BLOC SYRIE-IRAN

Le président n'ignore pas la déception qui avait suivi l'avènement de Bachar Al-Assad en 2000, l'assouplissement espéré du régime syrien n'ayant pas eu lieu. Mais il estime que sa propre absence d'expérience dans ce domaine lui donne la liberté de tenter de relancer le dialogue. L'enjeu est d'assurer la stabilité de la région et du Liban et d'éviter d'avoir un bloc Syrie-Iran. D'autant que l'Elysée juge que "le président iranien actuel (Mahmoud Ahmadinejad) n'est pas un interlocuteur pour la France" et ne "voit pas de signe de l'Iran qui permette de faire ce que nous avons fait avec la Syrie".

M. Sarkozy a rappelé qu'"il n'est écrit nulle part que tous les pays ont droit à l'indépendance à l'exception du Liban. C'est un pays libre que nous voulons aider".

Il estime aussi que la traduction devant le tribunal spécial pour le Liban des assassins du premier ministre Rafic Hariri, derrière lesquels beaucoup voient la main de Damas, est non négociable : "Les assassins doivent savoir qu'ils auront à payer leur faute." Mais il a pu mesurer, au cours de ses entretiens, la complexité du dossier libanais : dans l'avion qui le ramenait à Paris, M. Sarkozy a raconté que M. Sleimane lui avait expliqué qu'il était lui-même un proche de Bachar Al-Assad.

"La France est l'amie du Liban, de tous les Libanais sans exception", a dit le président, qui a rencontré, lors du déjeuner au palais présidentiel, toutes les composantes politiques libanaises, y compris le Hezbollah. Selon lui, obtenir un désarmement du mouvement chiite, comme l'exige la résolution 1559 de l'ONU, serait impossible tant que le dossier des fermes de Chebaa, occupées au Liban sud par Israël, ne sera pas réglé. Il pourrait aborder le sujet lors de sa visite en Israël prévue du 22 au 24 juin.


Juin 2008


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