“Les TIC pour la Paix et la Sécurité en Afrique”
Avec L'Union Africaine



Introduction

Nous vivons en ce moment l’ère du numérique. En effet, la convergence des télécommunications, de la science informatique et de l’audiovisuel nous a donné aujourd’hui les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Les TIC aujourd’hui sont présentes dans notre quotidien et nous le facilite. Le Sommet Mondial de la Société de l’Information (SMSI) de Tunis de novembre 2005 a adopté un document final (Engagement de Tunis) qui se présente comme un moratoire en faveur de l’édification d’une société de l’information au service du développement. Le sommet de Tunis, tout en réaffirmant son engagement de tirer le meilleur parti possible des capacités et du potentiel des TIC, invite tous les gouvernements à s’approprier les TIC pour un développement durable tout en renforçant la coopération nationale, régionale et internationale. A la suite de l’engagement de Tunis de 2005, L’Union Africaine, organisation d’intégration économique a saisi cette opportunité et a lancé pour la première fois la semaine Africaine des TIC (SATIC, en anglais AICTW).

La semaine est censée fournir une réflexion constante sur les avantages que l’Afrique a fait en s’appropriant les TIC pour réaliser une économie basée sur la connaissance. Aujourd'hui, la connaissance et l'information sont des leviers important pour propulser le processus de développement du continent africain, établir toute une économie de la connaissance et atteindre finalement les buts du millénium d'ici 2015. Les TIC sont pour l’Afrique, une voie, autre que linéaire, pour atteindre le développement et ainsi réussir sa transformation d’une société agricole en une société de la connaissance, du savoir.

Par conséquent, nous devons multiplier nos efforts en intégrant l'utilisation des TIC dans toutes nos activités, nos méthodes, outils de travail, nos plans et programmes de développement. La SATIC devrait fournir aux Etats membres de l’Union, une plate-forme pour créer la prise de conscience au sujet des opportunités, des défis et des avantages dérivés par l’adoption des TIC et leur mise en oeuvre et ainsi les impliquer d’avantage dans le développement de l’utilisation des TIC en Afrique.

Pourquoi une Semaine africaine des TIC ?

L’Union Africaine est consciente des obstacles qui empêchent les populations africaines de s’approprier les TIC. En effet, le défaut d’accès aux infrastructures de télécommunications et d’électricité (notamment en zone rurale), le coût encore trop élevé des communications, l’existence de barrières sociales (difficultés basées sur le genre, les langues, le manque de contenu local et les considérations culturelles) et l’insuffisance de politiques claire et engagées en faveur des TIC nous incite à réagir positivement et à inviter nos décideurs à participer et à mettre en oeuvre les activités proposées par la Semaine Africaine des TIC.

En organisant la SATIC, l’Union Africaine souhaite mettre en oeuvre l’engagement de Tunis sur la société de l’information et ainsi apporter sa contribution à l’avènement d’une Afrique technologique, intégrée dans la société de la connaissance et à la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement.

Ainsi, par la célébration d’une semaine africaine des TIC, l’Union Africaine, voudrait faire en sorte que chaque africain puisse bénéficier des possibilités que peuvent offrir les TIC, en invitant les gouvernements africains, le secteur privé ainsi que la Société civile à travailler ensemble pour améliorer l’accès à l’infrastructure et aux TIC, ainsi qu’à l’information et au savoir. L’Union Africaine voudrait également, par cette occasion, renforcer les capacités, accroître la confiance et la sécurité dans l’utilisation des TIC, favoriser, faire connaître et faire respecter les cultures africaines et la diversité culturelle.

Cette semaine des TIC devrait attirer l’attention sur les valeurs des TIC et spécifiquement favoriser l’utilisation des TIC tout en exprimant la volonté de l’Afrique à bâtir une économie de la connaissance. La semaine vise également à démontrer les valeurs et les avantages de la communication digitale et en général comment les TIC pourraient améliorer notre qualité de vie.

Comment les TIC concourent-elles à la paix et la Sécurité en Afrique ?

Depuis le SMSI (WSIS 2003 & 2005), puis le Sommet CONNECT AFRICA (2007), la Commission de l’UA ne cesse de réaffirmer l’importance des TICs dans le processus de Développement pour l’Afrique (économique, sociale et politique). Pour se développer, l’Afrique a besoin d’un environnement propice. Ainsi la Paix et la sécurité est un préalable pour garantir un développement durable. Cette entente amicale de tous les individus ou groupe d’individus qui composent une société qu’est la PAIX est l’objectif recherché par les chefs d’Etats et de gouvernement de l’Union Africaine. Aussi, l’année 2010 a été décrétée Année de la Paix et de la sécurité en Afrique lors de la SP de Tripoli (Déclaration de tripoli sur l’élimination des conflits et la promotion durable de la paix en Afrique SP/Assembly/PS/Decl(I) du 31 aout 2009). Dès lors, comment les TICs concourent-elles à la Paix et la sécurité en Afrique ?

1. PREVENTION DES CONFLITS

• Le système continental d’alerte précoce de la Commission de l’Union Africaine (CUA).

Afin de mener à bien ses activités en faveur de la paix et la sécurité en Afrique, le Département de Paix et Sécurité de la CUA s’est doté de Technologies de l’Information et de la Communication de pointe. Un système continental d’alerte précoce (Continental Early warning system – CEWS) a été déployé dans une salle de veille (Situation Room) afin de :
    • Collecter et fournir des informations concernant le potentiel, les conflits réels, et les activités post-conflit ;
    • Fournir des rapports sur des sujets précis sur demande des instances de décisions de la CUA ;
    • Pourvoir le siège de l’UA de missions 24/7, d’une large capacité de collecte et d’une large diffusion de
l’information ;
    • Servir de Point-de-Contact et de Salle de communication pour le Département de paix et Sécurité de la Commission de l’UA.

2. MAINTIEN & CONSOLIDATION DE LA PAIX

• La radio et les systèmes de communication pour la Paix.

Aujourd’hui, les forces internationales de maintien de la paix envoyées sur le terrain s’efforcent d’établir un système de communication pour la paix en créant leur propre radio. Avec les systemes communautaires de communication pour la Paix, l’impact sera encore plus grand et les effets sur le rétablissement d’un environnement paisible plus rapide. En effet, les acteurs du développement en Afrique peuvent favoriser la mise en application de moyens porteurs et innovants d’utiliser les TIC et d’autres véhicules pour diffuser, échanger et exploiter l’information propice à la paix et au développement. En situation de post-conflit, un réseau de radios communautaires peut être mise en place afin d’ouvrir la voie à de nouvelles possibilités de collaboration et de soutien à l’effort de paix.

Ce réseau de communication est généralement constitué de centres locaux de communication, répartis dans tout le pays. Ce réseau a pour activités de documenter sur les pratiques locales de renforcement de la paix afin de produire des émissions d’information destinées à la population et qui traitent de questions ayant un rapport avec la consolidation de la paix en tant que levier de relève, de développement, de paix et d’équité entre les sexes. La diffusion se fait ainsi à l’échelle locale, régionale et nationale.

3. MAINTIEN d’un ENVIRONNEMENT SAINT et SECURISE

• Le Téléphone mobile et l’Informatique pour garantir la transparence des élections générales.

La non-maitrise des TIC face à l’énorme responsabilité et complexité politique qu’implique le processus électoral peut conduire à l’échec dans l’organisation des élections et à des résultats hautement subjectifs. Aussi, pour éviter les risques de fraudes et de contestations susceptibles d'entacher le processus électoral, nous pouvons faire usage des TIC dans la préparation et l’organisation du scrutin électoral notamment en amont dans l’élaboration des listes électorales et de la préparation des cartes électorales conformes aux exigences techniques et politiques attendues afin de les rendre plus crédibles voire incontestables. En aval, les TIC peuvent servir, lors des décomptes des voies obtenues par les candidats, à soumettre par SMS directement à leur base via le téléphone portable, les résultats par les représentants des candidats présents dans les bureaux de vote.

• L’Internet et les Réseaux participatifs et interactifs pour assurer la circulation de l’information.

La liberté d’expression et la diffusion de l’information vraie sont des droits et moyens aujourd’hui largement utilisés, grâce aux TIC, par l’opinion public afin de contribuer au maintien de l’ordre public, dénoncer les abus et les exactions. En somme, les réseaux participatifs et interactifs contribuent et favorisent le maintien d’un environnement sain et sécurisé pour tous. Les TIC offrent donc aujourd’hui autant de réseaux sociaux ouverts tels Twitter ou Facebook que professionnels tel que « les Observateurs » de la chaine d’information France 24 qui permettent une diffusion et un partage de l’information libre en dehors des canaux officiels de communication détenus ou contrôlés par l’autorité publique, ce qui affectent, dans certains cas, l’accessibilité et l’intégrité de l’information. L’Afrique n’est pas en reste en tant que productrice de ressource technologique en faveur du partage de l’information vraie et donc du recule de l’impunité au profit d’un environnement sain et paisible. En effet, le logiciel USHAHIDI, créer en 2008 à partir du Kenya, permet de suivre en temps réel les crises du point de vue de ceux qui les vivent. Grâce à cet outil, les personnes peuvent se servir d’un téléphone portable, d’un SMS ou d’un e-mail pour décrire les drames qu’ils vivent ou qui sont vécus autour d’eux. Cet outil TIC est aujourd’hui dupliqué au Ghana, en Afrique du Sud, en RDC et partout en Afrique ou le besoin de communiquer sur une crise latente ou actuelle se fait sentir. Ce programme TIC est aujourd’hui utilisé par la chaine d’information Al Jazeera pour rendre compte de conflit dans la zone du moyen-orient. (www.ushahidi.com).

Aussi, le DRHST, à la suite du Président de la Commission de l’UA qui a déclaré : « […] voila notre Année de la Paix ; Agissons pour la Paix ! », invite les populations et gouvernants africains à agir pour la Paix en utilisant (aussi) les moyens des TICs.

Les Objectifs visés par la SATIC

L’objectif général de l’organisation de la SATIC est de susciter l’intérêt des populations africaines à l’utilisation des TIC pour une transformation réussie de l’Afrique à l’ère du numérique, d’une Société Agricole à une Société de la Connaissance. Plus spécifiquement, les objectifs à atteindre sont aussi ceux du plan d’action africain sur l’économie du Savoir (ARAPKE), notamment :

a. Combler le fossé numérique ;
b. Favoriser le droit pour tous d'avoir l'égalité d'accès aux services à valeur ajoutée des TIC et d’expérimenter les avantages d’utiliser des services technologiques.
c. Développer, maintenir et stimuler la curiosité des personnes, l'intérêt et l’engouement dans les technologies.
d. Favoriser l'acquisition des qualifications, des concepts, des principes, des méthodes et du vocabulaire technologique appropriés.
e. Augmenter la sécurité et la confiance dans les secteurs se fondant sur l'utilisation des réseaux de l'information ;
f. Encourager des personnes à développer des avis au sujet de leurs services technologiques et à pouvoir les soutenir par des arguments raisonnables.
g. Mettre à profit les TIC comme outil pour la création d’une Société de l’Information africaine.
h. Promouvoir une plus grande conscience des TIC au sein des gouvernements, de la communauté et des parties prenantes africaines.
i. Employer des technologies dans une série de domaines et contextes.
j. Attirer plus et de nouveaux investissements sur le marché technologique africain, particulièrement le marché des TIC.

Mise en oeuvre de la SATIC

a. Thème de la SATIC: Choisissant un thème approprié à la semaine qui est en adéquation avec les événements les plus actifs du continent. En conséquence et puisque cette année 2010 est consacrée à la Paix et la Sécurité, le thème de la SATIC sera « les TIC, outils pour la Paix et la Sécurité en Afrique ».

b. Journée sans papier africain : On observera le 1er jour de cette semaine à la faveur de l'utilisation des moyens électroniques pour toutes les correspondances dans nos administrations publique et privé et ainsi exprimer notre engagement à la révolution numérique en Afrique. La journée « zéro papier » sera observée le 15 novembre 2010.

c. Gestion de la semaine : L’UA installera un groupe de travail composé de représentants des départements appropriés de la Commission, de représentants des partenaires internationaux, régionaux et sous-régionaux pour coordonner les activités de la semaine et pour attirer l’attention du public sur la SATIC sur le continent.

d. Promotion de la SATIC: L'Union Africaine utilisera tous ses instruments, y compris des réunions et des conférences régionales pour rendre les objectifs et les activités de la SATIC publics.

ACTIVITÉS SUGGÉRÉES pour la SATIC 2010

Les activités proposées seront celles qui mettent en valeur les TIC, qui permettent d’y accéder et qui permettent également de les pratiquer. Elles seront organisées par chaque Etat-membre dans leur pays respectifs. Ainsi, l’Union Africaine invite les Etats membres à observer une journée « zéro papiers » dans leurs administrations publiques et privées. De même, l’Union les invite à organiser et à coordonner les activités d’information et de sensibilisation tels que les conférences-débats, les ateliers de travail, les formations gratuites sur les TIC à l’endroit des
étudiants et du grand public.

L’Union Africaine encourage les gouvernements des Etats-membres à inviter les fournisseurs de services de télécommunication et les opérateurs de téléphonie mobile à prendre une part active à la Semaine Africaine des TIC en organisant des journées portes ouvertes sur leurs activités de même qu’en fournissant des points d’accès gratuit à Internet (avec câbles et sans fil) afin de faire découvrir aux élèves/étudiants et au grand public les opportunités technologiques qu’offrent les TIC.

Afin d’habituer les populations africaines aux nouvelles méthodes de communications, les gouvernements inviteront les opérateurs de téléphonie mobile à offrir au grand public la possibilité d’envoyer des SMS/MMS gratuitement durant une période déterminée de la journée lors de la semaine Africaine des TIC. Ceci aura pour effet de susciter un engouement pour cette nouvelle technologie de communication interpersonnelle. Pour 2010, année de la Paix en Afrique, Nous suggérons un petit texte ou slogan sur la Paix et la Sécurité en Afrique.


FACTEURS DE SUCCÈS

Les facteurs suivants sont nécessaires pour la réussite de la SATIC :
     • La Conduite et la visibilité du processus par de hauts fonctionnaires du gouvernement - ministre ou chef d'Etat - de la mobilisation des participants, de la publicité et de la gestion directe de la semaine elle-même
      • Faire participer autant de parties prenantes et groupes d'intérêts que possibles
    • Développer une empreinte forte - par exemple par une affiche (l’UA la produira) à distribuer à toutes les écoles et organismes de sensibilisation, des badges/pin’s, des casquettes, des T-shirts et d'autres matériels de publicité, probablement en collaboration avec des partenaires du secteur privé et/ou de développement.

      • Une couverture médiatique étendue pour véhiculer largement le message et pour éveiller la conscience et l'enthousiasme pour les TIC.
    • Un rapport de suivi à produire par les ministères de tutelle à l’Union Africaine afin d’évaluer l’impact de la SATIC et de partager les expériences.

Janvier 2011

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