Guerre de fourmis
Par Sciences et Avenir


Les fourmis européennes ont du souci à se faire : une espèce invasive, provenant d’Eurasie, particulièrement agressive est en train d’envahir leur territoire. Il s'agit de la première fourmi invasive connue à s'être établie dans les régions tempérées d'Eurasie.

L
asius neglectus, ou fourmi aztèque invasive, c’est le nom de cette conquérante qui en dépit de son nom est originaire des environs de la Mer noire. Plusieurs centaines de colonies ont déjà été identifiées dans toute l’Europe (de la Pologne à la Turquie) et les experts redoutent une croissance exponentielle, tant cet insecte à un potentiel invasif élevé.

Effectivement la fourmi aztèque possède tout l’attirail du parfait conquistador. Elle est capable de survivre à une température moyenne de –5°Celsius, ce qui lui ouvre les portes de l’Europe du Nord, avec une attirance pour les zones urbaines.

Ensuite c’est une combattante redoutable qui extermine sur son passage les fourmis autochtones mais aussi d’autres insectes et araignées. Du coup, les entomologistes sonnent la sirène d’alarme et mènent des campagnes d’information pour sensibiliser le public à cette fourmi nuisible, afin que les nouvelles infestations de fourmis puissent être exterminées avant qu'elles ne deviennent dangereuses.

En Europe, plus de 10 000 espèces d’animaux , d’insectes, de plantes et d’autres formes de vie ne sont pas originaires du continent. Certaines ont été introduites volontairement mais beaucoup sont arrivées au gré des déplacements de population et des transports de marchandises. Leur implantation affecte les écosystèmes et a un impact économique et sanitaire important.

Quelque soit leur mode d’entrée, ces espèces étrangères mettent une pression écologique importante sur les habitants naturels des lieux. La perruche à collier, (Psittacula krameri), par exemple, dont le plumage vert vif et le chant distinctif sont aujourd'hui bien connus dans une grande partie de l'Europe, est en train de supplanter les espèces locales dont les habitudes de nidification sont similaires, telles que le moineau domestique, la sittelle et l'étourneau sansonnet. Dans les rivières la lutte est également féroce, la moule zébrée (Dreissena polymorpha) supplante les palourdes indigènes et provoquent des dégâts dans les réseaux d’eau industriels.

Mais pour l’Homme le danger vient essentiellement des insectes, d’origine tropicale ou subtropicale. Eu égard au réchauffement climatique, ils s’adaptent facilement à leur nouvel environnement et transportent avec eux un certain nombre de maladies. Le plus célèbre est le moustique tigre (Aedes albopictus), originaire de l’océan Indien, qui se niche dans l’eau croupie à l’intérieur des pneus usagés et se déplace ainsi. En quelques dizaines d’années il a envahi le sud de l’Europe (Grèce, Italie, Corse, Alpes maritime…). C’est lui le responsable de l’épidémie de Chikungunya qui a frappé l’Italie l’été dernier. En zone tropicale et aux Etats-Unis, il est également le vecteur de plusieurs autres maladies graves : dengue, virus du Nil occidental, encéphalite de St Louis.

Février 2008


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