Consommation et investissement, moteurs de la croissance française
Par Patrick Roger


Après les bons chiffres du chômage, ceux de la croissance au premier trimestre confirment l’embellie. Au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) augmente de 0,5 %, après + 0,3 % au quatrième trimestre 2015, selon la première estimation publiée vendredi 29 avril par l’Insee. Un résultat légèrement supérieur aux dernières prévisions de l’institut ou de la Banque de France, qui envisageaient 0,4 %.

L’acquis de croissance pour 2016 – soit la progression du PIB en cas de croissance nulle le reste de l’année – s’établit ainsi à 1 %, alors que la loi de finances prévoit une croissance de 1,5 % à la fin de l’année. Un chiffre supérieur à celui de la Commission européenne, qui table sur une hausse de l’activité de 1,3 %, et à celui du FMI, qui a abaissé sa prévision à 1,1 %, en raison du ralentissement de l’économie mondiale.



« L’économie de la France continue à s’améliorer, s’est immédiatement félicité le ministre des finances, Michel Sapin, dans un communiqué. C’est une croissance solide qui est enclenchée. (…) Notre action porte ses fruits, nous la poursuivrons avec détermination dans les prochains mois. »



Consommation des ménages en hausse

Cette croissance solide est principalement due à deux moteurs : la consommation des ménages et l’investissement, tandis que le commerce extérieur et les variations de stocks pèsent négativement. La consommation des ménages, tout d’abord, se redresse fortement : + 1,2 % après – 0,1 % au dernier trimestre 2015, marqué par les attentats de Paris. Il s’agit de la plus forte hausse depuis fin 2004.



Elle est notamment portée par un vif rebond des dépenses en biens (+ 1,7 %) et, dans une moindre mesure, par une accélération de la consommation de services (+ 0,6 % après + 0,2 %). Grâce aux effets conjugués de l’inflation zéro – en avril, les prix à la consommation ont encore baissé de 0,2 % sur un an – et des allégements d’impôts des ménages intégrés dans le pacte de responsabilité, la progression du pouvoir d’achat, + 1,7 % en 2015, soit la plus forte hausse depuis 2007, selon l’Insee, tire la consommation des ménages vers le haut.

Redressement de l’investissement



L’autre facteur déterminant est celui de l’investissement. Au premier trimestre, il a globalement progressé de 0,9 %, ce qui indique un redressement continu depuis un an : il était de 0 % au deuxième trimestre 2015, 0,1 % au troisième trimestre, 0,7 % au quatrième trimestre. Le rebond est encore plus significatif en ce qui concerne l’investissement des entreprises, qui enregistre une hausse de 1,6 % au premier trimestre, contre respectivement 0,5 %, 0,4 % et 1 % les trois trimestres précédents. L’acquis de croissance pour l’investissement des entreprises s’élève d’ores et déjà à 2,8 %.



La production totale de biens et services a continué de progresser au premier trimestre : + 0,6 %, comme le trimestre précédent. Elle est principalement portée par les secteurs de l’énergie et des services. La production manufacturière, en revanche, enregistre un ralentissement, avec + 0,3 % contre + 0,9 %, tandis que le secteur de la construction stagne.

Un solde extérieur négatif



Le solde extérieur, lui, est toujours négatif : – 0,2 % après – 0,6 % et – 0,4 % les deux trimestres précédents. Les importations ralentissent fortement (+ 0,5 % après + 2,1 %) mais les exportations se replient également (– 0,2 % après + 1 %).

Enfin, la croissance, lors des deux trimestres précédents, avait été portée par une évolution positive des variations de stocks (respectivement + 0,7 % et + 0,5 %), ce qui laissait craindre un contrecoup. C’est effectivement le cas puisqu’elles enregistrent au premier trimestre un repli de 0,2 %, notamment sur les produits pétroliers raffinés et les biens d’équipement.



La publication de cette première estimation de la croissance au premier trimestre vient clore une semaine qui, pour le gouvernement, aura apporté une série de nouvelles réconfortantes dans un climat politique qui, lui, ne s’améliore pas. Entre les succès enregistrés par l’industrie navale à l’étranger, la forte baisse du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi au mois de mars et le dynamisme de la croissance, le gouvernement veut y voir la justification de sa politique économique.



« Il y a vraiment un ensemble d’éléments cohérents et convergents pour dire que la croissance a repris, qu’elle est continue, qu’elle produit de l’emploi et qu’elle peut même faire reculer le chômage », souligne M. Sapin. Encore faut-il que ces bons résultats sur le plan économique soient confirmés sur la durée.


29 Avril 2016

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