Janvier
2009

L'actualité du Mois

Des Clefs pour le XXIème siècle
Par
Gilles Marchand

Retour sur la situation spécifique de la France et de l'Europe à L'heure de l'investiture de Barack Obama.


Partout où l'on va sur le territoire national, on constate une perte de substance inquiétante, un découragement ambiant, une précarisation généralisée de vastes couches de la population, une dégradation de l'environnement, un recul de notre jeunesse confrontée à la perte de repères des adultes, une vaste diminution de nos valeurs et croyances vitales, et une crise politique de la démocratie. Il est grand temps d'imaginer pour ce pays, les antidotes nécessaires à sa future rémission.

Partir, d'abord, d'un constat patent. La politique actuelle du gouvernement, malgré ses succès éclatants en politique étrangère, notamment pour ce qui concerne l'émergence d'une diplomatie européenne plus efficace, marque pour l'instant et comme ailleurs le pas dans de nombreux domaines intérieurs. Sur le plan économique, une quasi-récession — internationale il est vrai —, des choix qui se montrent parfois à contre-courant des besoins actuels du pays. La réforme s'impose effectivement et l'idée de la tenter n'est plus simplement nécessaire, elle devient salutaire. Tout consiste à savoir comment on la mène et pour quoi faire. Et la question se pose : le gouvernement est-il passé à l'euro ? Sans doute injuste, l'argument porte néanmoins en lui une part véridique de la psyche française en matière d'argent. Pourtant l'euro donne une cohésion aux échanges européens et nous protège. Sur le plan social, une terrible régression qui touche la quasi totalité des français, amenée par des lois et décisions calquées sur les désideratas d'un club de barons d'entreprises en manque d'inspiration, qui appliquent aveuglement les crédos d'une idéologie planétaire dont les conséquences néfastes se font sentir chaque jour. Sur le plan culturel, une Bérézina dangereuse à l'heure où le français recule dans le monde et où on sort de son chapeau une réglementation nocive pour tous les acteurs culturels. Sur le plan énergétique, une politique sans réelle perspective que celle du mur vers lequel nous nous dirigeons. Sur le plan environnemental, un constat : les paroles ne sont pas suffisantes pour enrayer la dégradation générale du milieu, en particulier de l'eau. Sur le plan démographique, une tendance au reflux qui fait peser de graves risques sur les retraites, la croissance à long terme, est qui n'est pas liée à la réflexion autour des questions d'immigration dont d'autres pays commencent à comprendre la portée. Une dette invraisemblable qui grève le budget des générations à venir. Mais surtout, les potions des médecins qui sont au chevet de l'état, sont plus des poisons que des remèdes et menacent d'en faire éclater la cohésion. L'élection présidentielle est dans toutes les mémoires.



Un constat préoccupant.

Que faire ? Première constatation. Ne pas rester bras ballants. Il est grand temps de faire aboutir une autre vision de la société et des moyens de l'orchestrer, avant que celles qui sont en cours ne la fasse éclater. Il est grand temps d'imaginer les clefs du XXIème siècle, nourries de l'expérience d'une génération ayant grandi à l'articulation entre les civilisations qui, aujourd'hui, sont face à face.

Nous avons bel et bien à faire à un choc du futur. Les inventions de la fin du XXème siècle ont radicalement redessiné les contours autrefois familiers d'une société qui est aujourd'hui en train d'évoluer à un rythme accéléré. Les conceptions politiques que nous avons héritées de ce temps, voire du XIXème, ne sont plus opérantes, et il est grand temps de renouveler la théorie politique du siècle qui s'ouvre. Il faut enfin livrer à cette génération la vision du futur qui lui ouvrira les perspectives à venir d'un monde en évolution rapide. Chaque journée voit les connexions internationales s'amplifier. La prise de conscience de leur interdépendance par les "terriens" est à la fois nouvelle, empirique, foisonnante, et elle est susceptible de produire plus de richesses si, et seulement si ils réalisent que leurs différences les enrichissent et que leurs points communs devraient renforcer la cohésion internationale, si nous savons nous débarrasser de nos préjugés et d'une part de nos certitudes nationales. L'âge des ensemble régionaux demande de les faire cohabiter le plus harmonieusement possible. La concertation internationale est une nécessité stricte de notre temps. Les espaces sont régionaux, l'Europe est notre échelle, mais chaque pays européen, et surtout ses citoyens, doivent préserver les valeurs sur lesquelles s'appuient leur culture et leur langue. Il est indispensable que la génération qui arrive sache que son destin ne sera pas forcément moins bon que celui qu'à connu la notre. Une amélioration permanente qui sera désormais à nourrir chaque jour, des jours circulaires où les réalités anciennes de la bourse seront l'apanage des individus eux-mêmes en ce qui concerne les échanges. Une éthique de la responsabilité est absolument nécessaire pour éviter les phénomènes de dispersion dans des spirales spéculatives. Une théorie de la valeur est la clef du monde du demain... Donner son prix au travail ou à l'activité professionnelle ainsi qu'aux biens dématérialisés sera la solution de l'énigme à laquelle nous sommes confrontés. On peut juger cette part comme le quatrième secteur économique des pays qui la développeront.



Tout d'abord, savoir que quelques règles d'ajustement ne suffiront pas, et que piloter à vue ne peut non plus faire accoucher des directions à venir. C'est à une nouvelle forme de réflexion que nous sommes conviés, voire contraints pour certains. Nous ne pouvons penser de la même manière. D'où l'échec de la géostratégie américaine en Irak, qui n'a pas su intégrer des dimensions multiples, pourtant présentes, de la situation. Il nous faut penser en système ouverts. Intégrer les éléments disparates de contextes généraux, afin de leur appliquer des modes opératoires qui tiennent compte de toutes les facettes de tel et tel problème. Une pensée strictement structuraliste est inopérante pour résoudre les enjeux de notre monde.

Un grand vent d'espoir s'ouvre avec l'élection d'un Barack Obama. Il faut se réjouir. Le président a compris, mieux que quiconque l'époque actuelle et il est bien entouré. Une époque pour laquelle il aura l'occasion d'initier la concrétisation des solutions que tous les américains vont mettre en œuvre. Il y en aura des millions, emplois compris, et ce mouvement se généralisera à l'échelle mondiale. Dans ce contexte l'Europe, va elle même réinventer une croissance éco-responsable

On ne peut résoudre un problème de transport sans penser également à l'énergie, à l'environnement, à la politique industrielle, à l'immigration, à l'habitat, au tourisme. Les problématiques contemporaines sont inervées par des systèmes de transmission de l'information, médias, télécommunications traditionnelles, internet, qui les rendent interdépendantes. La pensée politique que nous devons élaborer n'est donc pas simplement une stratégie électorale — si notre action est reconnue, notre représentativité le sera aussi — c'est une réflexion opérationnelle à l'heure où s'essoufflent les modes de gestion existants, exagérément voués à des valeurs fiduciaires. Il s'agit de placer l'homme au centre de la démarche politique pour que tous les secteurs de la société lui fassent une place qui aujourd'hui est en recul, face aux expertises logicielles et systèmes robotisés, qui transforment la donne dans le monde du travail, et par osmose, touchent d'autres terrains sociétaux, où il s'agit de repenser l'action publique. Les robots venant peu à peu à remplacer certains emplois industriels, il est temps d'inventer les emplois des temps nouveaux dans les domaines et directions qui se dessinent actuellement. Nous faisons face à six crises mondiales simultanées et nous sommes à l'orée de trois grandes révolutions industrielles...



La pensée humaniste de gauche est plus que jamais d'actualité et nécessaire. Elle est aujourd'hui la seule compatible avec une croissance économique consentie, dans un monde où s'horizontalisent les modes de décisions et de transmission de l'information. C'est cette recherche volontaire d'une prospérité au service de tous ceux qui en sont à l'origine qui doit inspirer la réflexion politique à venir. Le meilleur des deux mondes n'est pas une gageure. Ce doit être un objectif qui ne passe pas par une orientation libérale, mais la réussite d'une nation ne doit plus être un tabou, du moment qu'elle se fait en son nom. Nous devons réinventer la sociale-démocratie, dans une perspective résolument moderne. Placer le capital humain au centre. En favorisant l'éducation, la recherche, l'économie de l'information, la formation, les industries culturelles, nous assainirons le tissu économique et social, français et européen, et renouvellerons une société qui a souffert d'un long déficit de renouveau générationel. C'est pourquoi la prise de responsabilité par les citoyens doit s'élargir dans un soucis de démocratisation plus important, à l'heure les centres de décisions paraissent parfois s'éloigner d'eux et que les contre-pouvoirs se voient affaiblis. Il faut créer une société qui sont en adéquation avec ses réalités fonctionnelles, notamment professionnelles, et non l'inverse. Une des meilleures façons de juguler le soit-disant déclin européen est, entre autres, de lier trois grandes politiques. C'est l'association d'une politique économique qui restaure la demande sous forme de "buying-power", individuel, familial, solidaire ou  entrepreneurial, face à l'offre actuelle. Un pouvoir d'achat créé grâce au travail plutôt qu'à la misère de l'assistance, pour retrouver des hommes debout, constitués, prêts à franchir les obstacles qui seront placés sur leur chemin, des hommes — et surtout des femmes — éduqués, informés, libres et protégés par des droits et des devoirs nouveaux. Le second point fondamental concerne la mise en place d'une politique de l'immigration inspirée par le désir de voir se constituer à terme l'unité africaine, et capable de répondre aux besoins présent ici ou en Afrique. Enfin, un nouveau cycle énergétique s'ouvre qui sera le carburant du type de civilisation vers lequel nous sommes en train d'évoluer. Nous ne pourrons pas en faire l'économie.

Entre les bulles économiques et les points bas du marché, il y a de la place pour une variété de propositions permettant une prospérité plus respectueuse des besoins individuels sans tourner le dos à des solidarités que seul un état est en mesure d'assumer. Or, nous ne sommes pas en 1929, et une véritable reprise économique française et européenne est sur le point de voir le jour, une fois apurée la dysrupture provisoire que nous connaissons aujourd'hui.



Beaucoup de gens réalisent, aujourd'hui, que l'extrême versatilité des marchés est parfois un frein à la cohésion et à la régularité des politiques économiques entreprises jusqu'ici. Leur impact sur l'économie réelle est désormais un fait avéré. L'intégration dans les métiers de la banque des pratiques entrepreneuriales du bâtiment et l'impasse faite sur les règles traditionnelles ont créé la situation que nous traversons aujourd'hui, tous types d'informations et d'événements confondus. Au-dela des couloirs spéculatifs qui aboutissent à des réajustements progressifs, on s'aperçoit qu'il y a un ensemble de mesures possibles envisageables qui puissent être moteur d'une solide et durable reprise économique.

Le soit-disant aveuglement du marché correspond à une perceptivité ultra-réactive à tous les indicateurs qui en rythment la vie, aux variations de l'activité symbolique, et à la manière dont sont aujourd'hui gérés les énormes masses financières qui servent à rentabiliser l'investissement, mais dont les principes de fonctionnement intrinsèques finissent à terme par nourrir des couloirs spéculatifs qui rendent la stabilisation économique plus difficile.

Il faut pourtant bien convenir qu'une sagesse générale émaille sur le long terme la conduite de l'action générale de promotion tous azimuts de tous les projets susceptibles de produire de la richesse. Il faut bien comprendre que beaucoup des mécanismes qui la guident dépendent de technologies et de médias qui en structurent la nature et qui s'ils en renforcent la puissance d'adaptabilité, la rapidité, la capacité d'intervention, induisent des automatismes qu'il s'agit de décrypter et de distribuer plus finement afin qu'ils conduisent à permettre aux forces à l'œuvre d'éviter leurs excès induits ou de confirmer les réussites. Ainsi beaucoup des coordonnées bancaires se retrouvent diffusées sur internet et il serait urgent que les consultations en ligne soient davantage protégées pour être absolument infalsifiables.



D'autre part, fraction importante, non totale, mais pas pour autant négligeable, une croissance nouvelle doit notamment émerger en bénéficiant de la dynamique des nouvelles technologies Web 3D. Nous allons prochainement connaître trois révolutions industrielles quasi-simultanées. La première concerne l'environnement et les technologies vertes, le Green Power. La seconde concerne l'économie hydrogène,  avec la constitution de parcs automobiles et urbains basés sur la notion commune d'émissions zéro. Enfin le Web 3D fournira une redéfinition profonde, passionnante, mais qui demandera elle aussi de la vigilance, des principales activités professionnelles. C'est une grande nouvelle. Pour se faire, elles permettront d'expurger la tendance quasi-naturelle qu'elles ont d'à aller dans le sens de la dématérialisation et d'une automatisation toujours plus grande de leurs processus de fonctionnement.

Il nous faut retrouver un rapport concret à notre environnement. La 3D est réelle ou virtuelle. Mais ce retour au naturel sera salutaire pour beaucoup d'enfants captivés par les jeux vidéos, d'où le succès de la WII est est dans son principe un produit web 3D. L'intensité des échanges gagnée privilégiera l'humanité et le savoir. Le tableau, donc, n'est pas si noir. Les nouvelles technologies génèrent des domaines économiques, des branches de développement et des compétences nouvelles qui font appel à un plus grand savoir-faire humain. Médecine, Enseignement Universitaire, Formation, Commerce, Logement entre autres vont tous bénéficier de ces mutations. Nous allons vers des technologies communicantes intelligentes de plus en plus fines et précises. C'est pourquoi la place des hommes devrait être notre principale priorité.

Si, très vite, se remettait en place une logique productiviste qui expurge la chair créatrice de l'économie et en diminuait l'implication humaine jusqu'aux prochains micro-cycles, nous aurions en partie manqué notre objectif. Il faut placer des pare-chocs dans un domaine d'activité qui a prouvé un goût du profit déconnecté des besoins individuels. Dégagé de toute considération pour les équipes concernées, les plans de licenciement se succèdent, et un certain cannibalisme d'entreprises se manifeste, et ce qui disparaît n'apparaît plus à terme que sous une forme virtuelle, fiduciaire, qui viendra accroître d'autres chiffres. Une véritable éthique de respect de l'existant, avant de revenir dans le champs de l'investissement productif à moyen et long terme, doit se mette en place pour mieux protéger les salariés des remous qui emportent avec eux des entreprises florissantes mais soit-disant pas assez au regard des critères de rentabilité escomptés.



Il est temps que cela change.

Aujourd'hui, il est nécessaire, puisque les communautés nationales et les populations des ensembles régionaux ont contribué de par le monde à renflouer les banques et institutions financières en péril de solliciter de leur part, une forme de reconnaissance implicite de leur sauvetage par la soumission à un impôt mondial, même minime, même infinitésimal, et calculé sur les plus-values des opérations. C'est une question humaine simple, mais d'elle peut dépendre la survie de beaucoup d'individus, et il est donc ultra-urgent, toutes autres considérations liées par des liens de causalité à restreindre, qu'une part suffisante de ce capital parvienne aux individus les plus faibles économiquement parlant, sous des formes multiples, comme le micro-financement et des aides multiples. Ces opérations devraient être prise à l'initiative des pouvoirs publics et par le biais des banques, ou des réductions d'impôts comme a pu le décider Barack Obama, certaines personnes étant si découragées qu'elle ne parviennent pas à effectuer les démarches pourtant simples qui consisteraient à se prémunir d'un surendettement.

Le coût de l'argent qui est si bas sur les marchés monétaires fera, en revivifiant des bassins entiers de populations, des villes et des villages. L'argent, c'est l'eau indispensable de la vie qui doit sans cesse être développé pour rétablir la "circulation sanguine" de nos économies. Bien irrigués, un cerveau, des bras, des mains peuvent créer des sources impressionnantes de richesses.

Il sera également nécessaire de repenser la finalité des nouvelles technologies. Vont-elles dans le bon sens ? Ne sont-elles pas orientées et finalement prisonnières de mécanismes qui les obligent à un toujours plus de productivité seulement imaginée répondre à la poussée innovatrice par accroissement des phénomènes d'automation des structures logicielles qui évacuent progressivement la nécessité du recours au "capital" humain ? Nous nous dirigeons probablement vers une rencontre entre les personnages virtuels et les personnes réelles, l'abstraction intelligente devenant, une forme nouvelle d'échange. D'où la nécessité de ne pas se noyer dans la mystique immatérielle des écrans ou des systèmes d'intelligence artificielle.



Beaucoup de choses passionnantes nous attendent et il faut avoir foi en son époque pour la vivre plus facilement. Les temps sont durs, mais nous disposons de ressources illimitées dans les domaines de la réflexion économique, de la littérature, de l'art, de la science, des métiers traditionnels, et cette société bénéficiera du meilleur de ce que l'on trouve dans l'univers : l'atome le plus simple et le plus abondant, quand bien même les lobbystes de toutes nature voudraient en nier la pertinence : l'Hydrogène. Cet élément, ce vecteur énergétique permet de stocker l'énergie, sous forme liquide et il peut être produit par électrolyse. C'est tout l'enjeu de centrales et de bâtiments aux toits recouverts de panneaux solaires souples. L'électricité ainsi produite permet ensuite de fabriquer le carburant du futur. Nous venons d'obtenir que des voitures à piles à combustible soient produites vers 2020, la durée des délais paraîssent même plus étroits. C'est encore loin du compte, en terme de santé publique, mais cela laissera une chance à ne pas manquer pour l'industrie automobile de se réinventer tout en écoulant une génération — courte — de véhicules déjà moins polluants. Nous bénéficierions à priori d'entre sept et douze ans d'ici la production en série. Certains experts nous donnent moins pour opérer cette évolution, mais les voitures à hydrogène se multiplient déjà.

Tout le monde s'accorde à dire qu'il est important de réussir la massification de l'enseignement secondaire,  de donner le meilleur de leurs chances aux étudiants. Elle est en marche d'autant plus rapidement que dans ce domaine comme d'en d'autres une petite révolution est en train de se produire, sous l'influence conjuguées de nouvelles technologies ubiquitaires, comme les podcasts et les streamings en temps réel avec webcams. Généraliser ces technologies aux universités et grandes écoles parait être une nécessité incontournable. Les échanges vont aller croissant, au moment même où la position géographique  des intervenants perd de son importance. La qualité locale de vie va donc compter double.



Réorienter la recherche et le développement afin de créer selon les principes originaux qui sont mis en place quasi artificiellement des prolongements industriels ou informationnels qui fassent appel à de larges bassins d'acteurs économiques. Réinvestir le champ de l'action économique, de sciences et de recherche, du savoir, afin qu'elles se déploie dans des directions reposant davantage sur la spécificité et la puissance de l'intervention publique, sa richesse et ses réelles possibilités de développement en harmonie avec les apports de la technologie, facteur de cohésion et d'échange accru entre les différents ensembles économiques. Là aussi, le double cercle vertueux du retour à l'emploi et de la sortie de l'assistance sociale qui extirperont beaucoup de personnes de leur état de pauvreté, de quasi-minorité, et cette dépendance qui cessera, allégeront les finances publiques. Mais il est toujours plus facile de sanctuariser des emplois existants que d'en créer de nouveaux. D'où la nécessité de voir les individus recevoir ces aides directement sur leur compte, sans nécessairement en passer par de longues tractations administratives.

Il y a donc une spécificité de l'intervention humaine, une échelle de valeurs qui bénéficieront des nouvelles technologies, les fabriquant de systèmes se trouvant eux-mêmes rémunérés. La somme des composants informatiques doit parallèlement être multipliée pour permettre davantage de technologies informatiques européennes. Une sorte de développement durable allant dans le sens de la mise en valeur du domaine informationnel.

La culture serait-elle l'avenir d'une part majeure de l'économie ? Une nouvelle ère de la culture commence aujourd'hui et la diversité linguistique en sera un des principaux moteurs. Le deuxième étage de la fusée Europe correspond aux vœux initiaux des premiers pères fondateurs.

    Ceux qui se terrent en attendant des jours meilleurs vont au devant de graves désillusions. Le futur est là où on le créé, là où on l'invente, là où se fixent les ferments qui peuvent lui donner sa substance à venir. Or tous les ingrédients sont aujourd'hui réunis pour faire de l'économie globale un réceptacle des œuvres créatives issues des centres majeurs des transformations en cours. Des centres de culture vont se former, offrant à la fois des interactions internationales et des cours sur place. Celle-ci est à la croisée de toutes les influences et sa richesse culturelle sera un atout extraordinaire, capable de donner une vigueur propre à sa recherche formelle et un sens particulier à la construction mondiale. Les multiples ravages qui ont émaillé son histoire ont longtemps handicapé son rayonnement — et sa puissance économique — mais ils ont aussi contribué à créer une émulation et la chute des murs politiques va très vite devenir un avantage. La concurrence permet à une variété de systèmes d'exister.

    La mise en commun de cette densité exceptionnelle va nourrir une diversité qui aujourd'hui, dans un contexte souhaitable d'ouverture des marchés et des esprits, est favorable aux propositions différenciées et aux traductions. Avec des outils de "translation" ou de réadaptation, elle donnera au cinéma européen un  espace de liberté qui rayonnera dans les autres domaines de création. Basés sur l'intelligence artificielle en temps réel, ces programmes permettre à davantage d'artistes et de médiateurs culturels de fonder un renouveau des formes sensibles. Voilà pourquoi il sera possible de traduire une intervention en temps réel. Nous serons capables de se parler dans toutes les langues sans changer "d'idiome". Le budget traduction de l'Europe est conséquent, mais notre capacité à croiser référents culturels multipliera les échanges, et sera tournée vers les autres peuples européens ainsi que vers ceux du monde.

A l'origine historique d'une forme d'évangélisation politique, par la langue, la culture, la religion et, dans une certaine mesure, par l'économie, l'Europe privilégie son ouverture, son soft power, et son travail d'expansion de toutes les valeurs de civilisation, sur lesquelles une irréprochabilité, même si jamais absolue au regard des réalités économiques, devrait être à terme un soucis dont on s'acquitte avec humanité. Sa culture sera un des principaux domaines dans lesquels se nouera ce dialogue international, d'autant qu'il sera appuyé sur une diplomatie, à la fois puissante et bienveillante, en visant des résolutions de conflits favorables au commerce et à un développement en grande partie assumé par les africains eux mêmes



L'interaction planétaire demande des conduites plus respectueuses des autres. Nous faisons l'apprentissage d'une politesse mondiale, qu'il conviendra de pouvoir néanmoins rompre pour sauver toutes nos blagues, ou plus sérieusement, de penser et travailler librement. Il va de soi qu'il faille que les concepts de nationalité soient préservé comme des identités et des valeurs mais une véritable conscience continentale doit émerger. L'union ne fait pas uniquement la force. Elle nous donne la masse critique nécessaire pour exister dans le monde actuel. Celui-ci, en effet, va se bâtir au regard d'une conscience plus poussée des nécessités éthiques à mettre en place, et elle ne devra pas se fonder sur un envahissement du champ symbolique. Elle ne se fera pas dans un soucis de maîtrise du vivant et de ses échanges avec l'extérieur, mais au contraire dans un soucis plus poussé de leur respect à une heure où ceux ci sont menacés par la progressive main mise de l'économique de l'ultra-libéralisme.

    Si les règles politiques sont aujourd'hui en crise, c'est parce qu'elles doivent être réajustées afin de tenir compte des mutations en cours. Mais le culturel n'est pas un domaine anodin. Il est lié à l'identité des nations qui cherchent à le promouvoir. La culture n'est pas un marché comme les autres. On n'achète pas l'âme de ceux dont on assure la promotion des "productions culturelles" tout comme on ne peut mettre en équation tous les termes de la consommation culturelle. Ceux qui le prétendent sont les exploitants en puissance de la nouvelle économie mondiale et comme tels, ils doivent être amenés —au besoin par la force (de négociation) — à respecter la liberté des différents acteurs de la culture. On doit nécessairement s'attendre à une remoralisation des échanges culturels qui ne veut pas dire limitation ou censure mais prise en compte plus étayée des nécessités humaines de ces domaines.



    Il faut aller vers un plus de prises de conscience, sinon nous serons hypnotisés.

    Or L'Europe dispose de la plus grande variété de bassins humains, d'un des plus longues traditions intellectuelle, et de certains des plus hauts niveaux de formation universitaires. Non seulement il ne faut pas diminuer ces niveaux d'éducation, mais il faut au contraire les renforcer. Les améliorer en permanence et proposer au reste du monde les solutions qui auront pu se révéler efficaces en les adaptant aux réalités locales. Nous allons en effet vers une civilisation de l'image, du symbole et du modèle, mais leur signification ne sera jamais dépouillée du sens, et c'est pourquoi la lettre et l'écrit seront toujours présents. Plus que jamais Internet marque leur retour en force. Nous allons vers une société qui fera une plus grande place aux loisirs et à la consommation culturelle. Celle-ci n'aura pas à faire abstraction de la qualité et de la profondeur de son vécu historique, scientifique et intellectuel.

   Aujourd'hui, notre diversité est un atout. Elle nous permet une compréhension mutuelle et collective à l'heure où les technologies rendent chaque produit transparent. Celles-ci vont favoriser le grand renouveau à venir et contribuer à le décupler. Les problématiques développées à travers les productions existantes ont prouvé une grande part de leur inadaptation aux réalités actuelles. Il est grand temps de les renouveler. En commençant par adopter une politique qui fasse de la place pour un grand dessein culturel, ce en augmentant les budgets aujourd'hui quasi dérisoires et en agissant sans complexe sur un domaine qui a besoin de soutiens et d'orientations.  Enfin centrées sur les contraintes et possibilités actuelles concrètes, elles nous feront enfin entrer de plein pied dans la modernité de demain.

Le multimédia n'est-il pas une mise en forme de cette lente transformation de valeur qui structure lentement les sociétés humaines ? Auquel cas il s'agit que s'établissent des schémas de conversion et d'échange informationnels et d'œuvres qui soient suffisamment structurés pour permettre leur viabilité au niveau international en harmonie avec les structures plus traditionnelles d'intervention économique. Il s'agit de rattacher la création de valeur économique des variables économiques concrètes. La richesse ne peut être uniquement rattachée à des variables financières s'autoalimentant indéfiniment et s'éloignant progressivement de leur nécessaire passage dans les bassins économiques réels qui doivent leur bénéficier comme ils doivent eux-mêmes profiter de leur action régénératrice.



Que constate t-on ?

Une excessive et manifeste sous exploitation des ressources concrètes, notamment humaines, internationales, qui en recevant cette manne, qui aujourd'hui leur fait grandement défaut, dégageraient d'immenses bassins de richesse réelle. Le sous emploi de populations entières voire d'économies nationales complètes crée des sources de développement comme en jachère, le nécessaire terreau d'une réappropriation par l'économique d'un champ social dont il s'est désengagé. Nous serions une agriculture disposant d'immenses plaines fertiles sous cultivées ou utilisées d'une manière extensive, voire négligées. C'est pourquoi l'investissement du capital international dans le champ des économies mondiales concrètes est lui-même un immense facteur de développement et une raison tangible d'espérer si les acteurs économiques savent dériver une part grandissante des ressources financières internationales vers les économies réelles locales.



Une économie dématérialisée ?
Back to Life. Back to Reality

Face à la multiplication des formes abstraites et virtuelles de fonctionnement, les économies occidentales et mondiales disposent d'alternatives qui s'avèrent opérantes. Liste de choses à emporter :

Nous sommes tous, ou en tout cas la grande majorité d'entre nous, victimes d'illusions d'optique qui peuvent s'avérer particulièrement handicapantes. La mise en équation des économies occidentales de plus en plus tributaires de schémas d'organisation virtuels amenés par des principes d'organisation basés sur des fluctuations financières est patente. Les références concrètes se déplacent progressivement vers l'immatériel découplé d'une valeur de plus en plus déconnectée de celle du travail, des infrastructures et des structures monétaires traditionnellement afférentes.  Elles fragilisent celles-ci car elles les exposent de plus en plus non seulement aux fluctuations financières mais également aux variations symboliques de l'information.

Les mécanismes qui sont désormais à l'œuvre ont échappé à ceux là même qui en sont les médiateurs et les modérateurs. Il faut qu'ils puissent reprendre la main. Nous sommes en définitive, les victimes avérées d'un processus que nous éprouvons du mal à réguler et les déprédations peuvent être aussi sensibles dans les pays à structures insuffisamment diversifiées que dans les pays qui se veulent les champions du capitalisme. Je pense à l'Islande...

Serions-nous si démunis face à cette situation ? Le temps doit-il jouer contre nous ? C'est à mon avis faux. Entre les retours tambourinant aux pratiques d'un autre âge — alors que le monde a effectivement changé et qu'elles s'avèrent d'une manière patente souvent inadaptées — et les prises en compte mal assurées de la dithyrambe passionnée des pionniers de la nouvelle économie, il y a d'autres attitudes plus directement opérantes qui tiendraient davantage compte des réalités humaines et techniques et le rapport qu'elles peuvent entretenir. L'articulation principale entre les domaines de culture ou d'information et les techniques qui les relayeront, s'ouvre. Il faut que les conditions de l'épanouissement individuel à un niveau très large soient réunies... Tous les autres domaines d'activité restent valables mais ils vont peut à peu bénéficier des apports de ce noyau central. Reconstruire une qualité de vie, un optimisme, le sourire et les bonheurs de la vie où que nous puissions les prendre.



Cette extension du domaine de la croissance ne peut exister que si l'on se décide enfin a faire l'abandon du manichéisme et du malthusianisme qui guide beaucoup de réflexions ambiantes, notamment en matière économique. Elles réduisent de grandes entreprises structurées à des réservoirs financiers virtuels ou déplacent les installations sous prétexte qu'il faille remettre à qui de droit ambiant les actifs qui y sont rattachés est une politique qui à long terme condamne des populations entières à la paupérisation y compris celles qui font aujourd'hui le pari d'accueillir les structures délocalisées.

Les économies mondiales, y compris américaine, souffrent d'un manque de préhension sur les variables financières. Le fait d'attirer les valeurs mondiales, y compris par des moyens techniques disproportionnés (je pense à l'utilisation de systèmes de réalité virtuelle et de structures logicielles dédiées) automatise les procédures de fonctionnement boursier de ces appareillages et renforce tous les ostracismes mondiaux, tous les fossés, toutes les fractures. Elles asphyxient la planète, lui retirent son oxygène, c'est à dire leurs puissances monétaires. L'eau c'est la vie, or cette eau, cette manne qui permet à une sophistication d'exister mais aussi et plus fondamentalement aux besoins fondamentaux d'être assurés, se retire du paysage local de nombreux points du territoire global. On l'a vu en Argentine...

La circulation sanguine de la planète est altérée. Elle doit être soignée, assistée, puis peu à peu rétablie d'une manière progressive et douce qui permette l'assainissement de zones géographiques entières. C'est l'investissement au plan mondial plutôt que la sempiternelle économie sur les salaires ou les cotisations qui est à viser, c'est l'élargissement des structures en lieu et place des dramatiques économies d'échelles qui semblent guider l'entendement de ceux qui appliquent de manière aveugle — ou presque — les principes erronés qui président à la prise de ces décisions. Le mépris et le peu de cas qui est fait de millions d'hommes et de femmes est patent et dangereux. Nous sommes victimes d'une dynamique faussée, de cercles vicieux qu'il faut avoir l'énergie de transformer en cercles vertueux. L'argent doit circuler à tous les niveaux. Mais avec mesure. La valeur doit être repensée en prenant comme étalon l'homme, l'humain, l'individu. Son développement harmonieux au sein de la communauté dans laquelle il habitera.

C'est l'aide à la consommation, non par un unique vecteur mais par l'ensemble des pays retour de l'activité. Le salaire minimum est une garantie nécessaire qui permet d'établir un nouveau contrat social et économique, mais il ne doit pas y avoir de frein exagéré à l'ascenseur social ou de plafonds de verre. dont nous serions tous les bénéficiaires et par rapport auquel nous pourrions découpler notre intervention dans le domaine économique et culturel. Les situations absurdes doivent refluer et les bénévoles recevoir une part retour pour l'investissement qu'ils font de leur temps. Le temps est déjà une variable économique. Il peut devenir une variable symbolique de l'activité dans un champ économique donné dont il assure la pérennité.



Il s'agit de renforcer l'adjonction de règles dans des structures qui touchent la limite de leur logique parce qu'elles manquent de critères d'évaluation objectifs et de rattachements économiques précis. L'argent virtuel aujourd'hui a de moins en moins de contact avec la réalité économique, même s'il peut influer sur elle. Les règles de solidarité étendue en renforçant le rôle des structures sociales étatiques vont également aller dans le sens de la logique économique qu'il est nécessaire de mettre en place.

La main invisible doit devenir visible.

Sinon, nous irions à terme vers une dislocation des structures particulièrement dommageable à l'ensemble de la communauté internationale, ce qui est inacceptable. Des dérèglements bénéficieraient tous ceux qui font profession d'exploiter les tiraillements actuels. Le nihilisme n'a jamais été pas une solution. Nous faisons partie d'un long processus de maturation économique, politique et culturel qui doit faire appel à l'histoire économique car celle-ci nous tend des explications pertinentes et nous donne des capacités de renouvellement dont nous sommes capables à une échelle élargie. Il faut quitter l'absurde absolu auquel nous avons assisté. La nouvelle économie doit être pensée dans cette perspective.

L'humain assisté par la machine et non l'inverse.



Quand nous aurons accompli ce saut conceptuel, placé cet étalon dans notre champ de représentation symbolique, alors l'invention majeure qu'est le numérique deviendra ce qu'elle est appelée à devenir : un formidable tremplin pour la créativité ainsi qu'un puissant facteur de richesse économique. Une fois sa puissance de distorsion démystifiée et qualifiée, intégrée et comprise, déclinée et incorporée dans — presque — tous les champs de l'action humaine, elle sera enfin le formidable outil de Renouveau et de libéralisation destiné à ouvrir à nos côtés le millénaire.

Nous disposons des meilleurs atouts, il est temps de les utiliser !

Gilles Marchand
Paris, Janvier 2009

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