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Menaces numériques
Par Gilles Marchand - Informations sans Frontières - Décembret 2024 - 10/12/2024 (MIS À JOUR le 10 Décembre 2024 à 16:00)

Facebook, TikTok, X et les réseaux sociaux sont des dangers avérés pour la démocratie et la liberté d’expression ainsi que pour l’état de droit des pays libres.

Le 8 décembre 2024 devait intervenir le second tour de l’élection présidentielle roumaine. Mais toute une série d’alarmes émises par les services de renseignements du pays ont mis en évidence un recours frauduleux d’un des candidats, C?lin Georgescu, au réseau social TikTok qui a fait exploser la visibilité de sa campagne d’une manière tout à fait suspecte et disproportionnée. En quelques jours 800 millions d’occurrences sont apparues sur ce réseau piloté par la Chine. Des comptes dormants depuis 2019 se sont soudain réveillés pour inonder la toile de vidéos singeant les diatribes habituellement propagées par l’actuel maître du Kremlin, la propagande électorale de Poutine, masculiniste et viriliste, copiée conformément aux souhaits transparents depuis celui-ci. Un calcul a été réalisé. La campagne pour laquelle le candidat pro-russe prétend n’avoir dépensé aucun euro, a en réalité coûté la modeste somme de 300 millions d’euros. Il est donc apparu évident qu’une collusion entre TikTok et la Russie était à l’œuvre pour truquer les résultats du scrutin. Et la cour constitutionnelle a annulé in extremis le premier tour de l’élection présidentielle. Cette histoire a une morale : les réseaux sociaux sont un danger pour la démocratie et même quand ils sont alimentés par des politiciens illibéraux, véritables parangons de régimes mafieux, c’est l’état de droit qui est remis en cause par des autocrates qui cherchent à contourner les règles démocratiques pour leur substituer des dictatures.

On vient de voir en Syrie, les dégâts provoqués par de tels régimes amis et protégés par Poutine. Quand les soldats de l’HTC d’Abou Mohammed Al Joulani ont délivré les détenus de la prison de Saidnaya, ils ont trouvé des fantômes survivants dans un lieu qui avait vu 30000 de ses prisonniers assassinés. Un constat épouvantable qui plaide pour une vigilance accrue face aux tentatives de conquête du pouvoir par l’axe anti-démocratique qui va des russes aux chinois en passant par les Iraniens.




Les réseaux sociaux permettent une guerre par proxy. Une armée de faux comptes pullule sur X, la nouvelle façade de Twitter et attaquent tous ceux qui critiquent la politique extérieure russe. Les ukrainiens les appellent des orques ou des haters russes. Mais plus étrange est la tentative développée par la société d’Elon Musk d’étouffer ces mêmes voix, surtout celles qui ont participé à la campagne présidentielle américaine en défendant les démocrates et en critiquant Trump. Leurs posts, passés à la moulinette de l’algorithme maison, disparaissent des fils d’actualité. Et de faux comptes sont là aussi utilisés pour modifier leur nombre de followers cette fois ci à la baisse. On voit des comptes régulièrement établis perdre en quelques jours des comptes qu’ils avaient mis des années à rassembler. Les allégations consistant à dire que X défend la liberté d’expression sont donc devenues des vœux pieux. X est utilisé comme un gigantesque outil d’influence pour mener un agenda caché qui dissimule ses intentions. Le projet de DOGE est une antenne du projet 2025 qui était apparu lors de cette campagne. Une volonté d’optimisation des sources de revenus qu’il est possible de flécher vers d’autres destinataires. In other words, un gigantesque chantier de détournement de fonds en privant les populations des ressources publiques fédérales et des politiques bénéfiques dont elles souhaitent devraient normalement bénéficier. On assèche les budgets publics pour enrichir encore davantage des gens qui sont déjà les plus riches au monde. 

Les « Big Five », ces cinq plus gros réseaux sociaux Meta, X, TikTok, Snapchat, et Discord sont actuellement sur la sellette aux États Unis, au Canada, en Espagne et France accusés notamment le réseau chinois pour absence de modération et incitation au suicide des adolescents. Ils ont effectivement du sang sur leurs mains et utilisent cyniquement les enfants comme des produits interchangeables, sources de profits. Des expériences ont été réalisées par des adultes experts qui ont simulé des inscriptions de jeunes de 13 ans qui très vite ont été inondés de messages leur conseillant le suicide et les moyens de passer à l’acte. Cette propension est scandaleuse et doit être sévèrement condamnée. 

Meta qui est venu recouvrir Facebook d’un vernis de façade pudique a un passif lourd en matière électorale avec l’affaire de Cambridge Analytica. Elle a clairement permis l’élection de Donald Trump en 2016 en inondant les swing voters de messages ciblés en plus des tweets de haters sur Twitter appelant à emprisonner Hillary Clinton. L’élection de 2024 n’a pas encore été documentée, mais il y a fort à parier que les big five, très difficiles à trouver dans Google qui prétend que l’on évoque par exemple cinq espèces de fauves dans l’esprit d’Hemingway. Mais un documentaire sur France 5 parle ce 10 décembre de ce sujet brulant. D’une manière générale on peut raisonnablement dire que les réseaux sociaux se sont développés grâce a une valorisation de l’aura personnelle découlant elle-même de la glorification individuelle du star système et de ses excès. Ils sont la centrifugeuse des bas instincts. Les comportements virtuels finissant par être reproduits dans le monde réel. Ils sont devenus une source d’information alternative qui est maintenant principale. Un web de contacts qui sont comme autant de produits d’appel pour leurs utilisateurs. Aujourd’hui le surf sur leurs pages est devenu chronophage et dangereux tant les « scrollings infinite » sont abrasifs pour la mémoire de ceux qui les font défiler de manière illimitée.

On est face à des populations qu’ils mettent en danger sur de très nombreux plans. D’où la migration vers des plateformes réputées plus vertueuses comme BlueSky. Mais le problème fondamental consiste à se mouvoir sur des territoires où les règles sont relativement indéfinies et où il n’y a pas de gendarme. On assiste à un déballonnement généralisé propice à faire infuser une violence sociétale incontrôlée. Il est temps d’imposer des lois qui encadrent ces contrées de non droit et temps pour les démocraties de réagir et de se défendre face à des utilisations insincères qui les rendent dangereuses. L’état de droit, la défense des libertés, la démocratie, une presse libre et non faussée, sont toutes liées à cette condition suspensive indispensable pour garantir un avenir qui soit vivable.

 


10 Décembre   2024

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