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One Planet Summit : la pollution plastique dans les océans, un défi majeur (et complexe) à relever
Par LCI - 11 mars 2019 18:21 - Claire Cambier

La troisième édition du One Planet Summit s'ouvre à Nairobi au Kenya, LCI revient sur l'un des plus grands défis de la planète : la lutte contre la pollution plastique des océans.

Après deux premières éditions à Paris (2017) et New York (2018), un nouveau One Planet Summit se tient à Nairobi (Kenya) le 14 mars prochain. Ce sommet international réunit des chefs d’Etat, des dirigeants d’entreprises et d’autres acteurs étatiques autour d’un objectif commun : collaborer pour lutter contre le réchauffement climatique et poursuivre la mise en œuvre de l’Accord de Paris. La pollution plastique dans les océans est un des grands défis qu'il convient de relever.

LCI vous explique pourquoi, chiffres à l’appui.

150 millions de tonnes de déchets plastique dans l'océan

Le plastique est un matériau ultra-résistant et très bon marché, et c'est bien pour cela qu'il est utilisé partout : ordinateur, biberon, ustensiles médicaux, pièces automobiles, tout y passe. Rien qu'en France, le plastique est devenu le troisième matériau le plus fabriqué, derrière le ciment et l'acier. Mais son atout en fait aussi un véritable fléau pour l'environnement. Il faut des centaines d'années pour qu'un objet en plastique se décompose (non sans laisser des microparticules). En attendant, il finit bien trop souvent ... dans la nature.

Les chiffres sont affolants : chaque année, 5000 milliards de sacs plastique sont utilisés dans le monde, selon l'agence environnementale de l'ONU, or chacun d'entre eux mettra 450 ans à se dégrader. Les bouteilles en plastique ? 1 million est vendu chaque minute (!) Et ce n'est pas prêt de s'arranger.

Début mars, un rapport du World Wild Fund (WWF) estimait que l'humanité a produit autant de plastique entre 2000 et 2016 qu'entre 1950 et 2000. "Plus de 310 millions de tonnes de déchets plastiques ont été générées en 2016, dont un tiers se sont retrouvées dans la nature", avance l'organisation.

Les déchets sauvages ne finissent pas toujours sur la terre ferme, une partie d'entre eux terminent dans les océans. Selon Greenpeace, cela représente près de 13 millions de tonnes de plastique, chaque année. "Si rien n’est fait, la production mondiale de déchets plastiques pourrait augmenter de 41 % d’ici 2030 et la quantité accumulée dans l’océan pourrait doubler d’ici 2030 et atteindre 300 millions de tonnes", s'inquiète L'ONG WWF.

Quels risques pour l'environnement ?

Si les chiffres sont choquants, les conséquences environnementales de ces déchets le sont tout autant. Tout d'abord, la production de plastique - qui est réalisée à l'aide de combustibles fossiles - émet près de 6 % des émissions de dioxyde de carbone mondiaux, soit 2 milliards de tonnes. Mais ce n'est pas le seul problème.

Dans l'océan, ces déchets sont également ingérés par les espèces marines. Régulièrement, on retrouve sur les réseaux sociaux des images choc de cachalot ou de poissons dont l'estomac est empli de plastique. 100.000 mammifères marins sont ainsi tués chaque année. Et ils ne sont pas les seules victimes, toutes les espèces maritimes sont touchées.

Car dans l'eau, sous l'effet des vagues, des courants, du soleil, le plastique se désagrège, jusqu'à devenir quasi invisible à l’œil nu. "On se focalise sur les gros déchets", regrette Patrick Deixonne, fondateur de l'ONG Expédition Septième Continent "alors qu'ils ne représentent que 1% de la pollution plastique." Le reste : des microparticules de moins de 5mm.

Encore plus petites, les nanoparticules peuvent provenir de plastique dégradé mais aussi de produits de consommations, comme des crèmes par exemple (elles sont essentielles pour leur texture.).
Quand les poissons n'en meurent pas, on retrouve ce plastique ... dans nos assiettes. Patrick Deixonne alerte : le plastique n'est pas le seul polluant inquiétant. "Car ces microparticules,  quand elles voyagent avant d'atteindre l'océan - dans les rivières, les fleuves - se chargent en POP (polluants organiques persistants), en métaux lourds".

Et ce n'est pas tout, "le problème du plastique, c'est qu'il déplace des espèces invasives. Ce plastique sert de radeau à des espèces qui vont coloniser d'autres milieux dans lesquels elles ne sont pas forcément les bienvenues", explique-t-il. "Enfin, ces plastiques transportent des virus et des bactéries avec des agents pathogènes qui peuvent être dangereux pour l'Homme".

Le 7ème continent

Ce sont également ces microparticules que l'on retrouve sur le "septième continent".  Les océans sont en effet traversés par des courants marins. Dans certains endroits du monde, ils convergent et forment des tourbillons, le plastique est alors pris au piège. Le "7ème continent" n'est donc pas solide. Comme ces zones sont essentiellement alimentées par des microparticules de plastique, il est Impossible d'imaginer de marcher dessus. "Ça ressemble plus à une soupe", résume le navigateur. Et il n'en existe pas qu'un seul, chaque gyre a son "continent". Il en existe cinq : deux dans le Pacifique, deux dans l'Atlantique et un dans l'océan Indien.

Qui est responsable ?

A qui la faute ? "Nous sommes un peu tous responsables" estime le WWF dans son dernier rapport. Les pays à revenu élevé ont tout de même une part de responsabilité plus importante puisqu'ils produisent 10 fois plus de déchets par personne que les pays à faible revenu. Pour autant, personne ne veut assumer la paternité ni les coûts. Les eaux internationales appartiennent à l'humanité et les Etats s'en lavent les mains. "Le coût de la pollution plastique n’est pas supporté par les acteurs qui tirent profit de sa production et de son utilisation, regrette Isabelle Autissier, présidente du WWF France. Ainsi, il est moins coûteux de rejeter les déchets dans la nature que de gérer leur fin de vie." Il est pourtant urgent d'agir.

Quelles solutions ?

Alors quelles solutions sont possibles ? Nettoyer les océans est un chantier titanesque. Certains projets y contribuent, comme Ocean Clean-Up par exemple, un bateau doté d'une bouée qui récupère les déchets dérivant en mer. Mais cela ne suffit pas car les microparticules échappent au piège. C'est donc en amont qu'il faut agir.

Tout d'abord en recyclant, or le recyclage du plastique fait largement défaut à travers le monde. En France, seule 21% de la production plastique est transformée, bien trop peu. Des efforts pourraient être faits, mais cela ne sera jamais suffisant car les règles de sécurité et les contraintes techniques empêchent de recycler tout le plastique existant.

Certains experts ont donc imaginé d'autres réutilisations ingénieuses. L'équipe de Plastic Odissey a ainsi mis en place un système qui permet de recycler du plastique en ... carburant, en "récupérant" le pétrole qui représente une des composantes du plastique. Mais là encore, cela ne permettra pas de réguler l'ensemble de la pollution plastique.

De nombreuses organisations environnementales appellent tout simplement à limiter l'utilisation de ce matériau, et notamment le plastique à usage unique. Cela aurait de fortes conséquences car ce plastique à usage unique représente 50% du plastique utilisé, selon l'agence environnementale de l'ONU. Les Etats commencent à en prendre conscience et interdisent peu à peu les couverts en plastique, les pailles ou encore les sacs plastique. Un premier pas mais le chemin à parcourir reste long...

Claire Cambier


13 Mars 2019

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