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L'heure de vérité
Par Gilles Marchand
L'Europe
est à la croisée des chemins. Soit elle va vers l'accentuation de ses
difficultés, ce qui est inadmissible, soit elle évolue vers une
structure plus et mieux intégrée en se dotant des instruments dont elle
a besoin, pour mieux vivre au quotidien, ainsi qu'à moyen et long terme.
IL'instabilité
actuelle de l'euro sur les marchés est un symptôme qui doit être traité
comme tel. Une politique adaptée éloignant durablement les soucis qui
se sont fait jour sur les bourses doit être mise en place par la
concertation urgente des gouvernements européens. Il faut retrouver le
temps de l'action à long terme par une réponse prompte, rapide, et
adaptée. Jacques Attali évoquait hier sur le plateau de "Ce soir ou
jamais", le repas pris en 1790 par Madison, Hamilton et Jefferson
dans des états confédérés quasiment ruinés et qui devant la
difficulté à laquelle ils font face, décident — en une nuit — de créer
un district fédéral et de le doter d'un budget qui sera garanti sous
forme de bons du trésor américains garantis par l'état fédéral. En une
nuit les Etats Unis sont placés sur une trajectoire nouvelle qui va
leur assurer une prospérité et une pérennité exceptionnelle sur plus de
deux siècles. Sous tendus par une constitution solide et une économie
florissante, les USA vont briller de manière de plus en plus éclatante,
phénomène qu'a si bien analysé Alexis de Tocqueville dans "La
Démocratie en Amérique".
L'Europe se trouve devant un de ces
choix cruciaux qui engagent son avenir à long terme et peuvent, soit
grever son avenir, soit la remettre durablement d'aplomb en créant les
conditions d'une reprise à long terme, aussi bien concernant une
prospérité à toujours consolider, en faisant montre de sa capacité à
réagir face aux périls qui la guettent, sans précipitation mais avec la
conscience claire d'accomplir un pas décisif dans la voie de la
pérennisation de ses acquis tout en préparant l'avenir d'une manière
plus sereine. La nécessité de s'entendre afin de créer un véritable
budget fédéral soutenu par l'émission de bons du trésor européens qui
permettent de se projeter à long terme, est aujourd'hui clairement
établie. Il s'agit que ces investissements soient productifs et dirigés
dans le sens d'un soutien à toutes les formes de création de richesse
associables. La création d'une agence de notation européenne parait
également indispensable. Les budgets individuels des états seront
toujours votés par les parlements nationaux, mais des politiques
clairement identifiables des citoyens européens qui sont les principaux
concernés dans ce mouvement dont ils doivent sortir renforcés,
viendront s'additionner pour faire émerger des régions aux politiques
locales renforcées qui tiennent davantage compte de l'avis de tous.
Cette politique permettra, d'autre part, de sanctuariser, la pêche et
l'agriculture et d'ouvrir sur un champs de possibles retrouvés en
matière d'éducation, de formation, de recherche, d'innovation, et de
science...
Un
renouveau politique et économique approprié et volontaire par
conséquent est appelé à se mettre en place ou nous serons condamnés à
observer les évolutions négatives de cette situation. L'euro ainsi
identifié par les marchés comme un instrument naturel de politique
économique, intervenant à l'échelle de l'Europe et au delà, se
stabilisera et permettra de sortir de la passe délicate dans laquelle
nous sommes engagés et de replacer les politiques publiques dans
l'orientation normale qui est la leur : à savoir d'être au service de
la prospérité de tous et de la bonne marche économique du monde où
l'Europe a une place décisive et un rôle essentiel à jouer. La
stabilité européenne est un gage d'équilibre international renforcé.
Mai 2010
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