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TRIBUNE
La francophonie outil de développement local
Par Jacqueline Nizet
Jacqueline Nizet est présidente de l’Association pour la Valorisation de la Francophonie (AVF).
Parce qu’une solidarité effective passe avant tout par une action de
terrain au plus près des besoins, parce que le développement durable
suppose une association étroite des populations, l’OIF a privilégié ces
dernières années une nouvelle approche pour répondre aux attentes des
communautés rurales et périurbaines en Afrique. Une stratégie
participative qui porte ses fruits et pourrait inspirer d’autres
régions du monde.
Sans développement harmonieux des territoires et des populations qui y
vivent, la lutte contre la pauvreté risque de demeurer un vœu pieu.
Seule une action ciblée, guidée par les spécificités locales et
associant étroitement les populations au scénario de leur réussite,
recèle les ingrédients d’une action en profondeur. Forte de ce constat,
la francophonie entend proposer un autre modèle de croissance dont les
citoyens sont les premiers moteurs. Fondé sur un partenariat actif
entre gouvernements, collectivités locales et société civile, son
programme d’appui au développement local des communautés les plus
démunies, plus connu sous le vocable Profadel, illustre parfaitement
cette volonté de replacer l’humain au cœur des enjeux.
Agir en cohérence
Il s’agit de favoriser l’ancrage d’une économie locale solidaire
et efficace, susceptible de s’insérer à terme, dans des politiques
globales.
Les stratégies de développement local constituent en effet un levier
essentiel pour favoriser l’éclosion d’un tissu économique dynamique,
suscitant des revenus et des opportunités d’emplois pour des
populations souvent très démunies. Expérimenté depuis 2012, dans quatre
pays africains, ce programme propose un accompagnement des acteurs
locaux au travers d’outils méthodologiques et d’un appui technique, qui
visent à renforcer leurs capacités à concevoir, gérer et maintenir des
projets créateurs de valeur. Il s’agit de favoriser l’ancrage
d’une économie locale solidaire et efficace, susceptible de s’insérer à
terme, dans des politiques globales. Une mise en cohérence des actions
locales et nationales indispensable à un développement sur le long
terme.
Privilégier la proximité
Dans chaque territoire bénéficiaire, le programme s’appuie sur un
organisme relais issue de la société civile, chargé d’assurer la
coordination des actions, la formation des partenaires institutionnels,
le suivi et la capitalisation. Les projets de terrain ainsi soutenus
s’intéressent en premier lieu à la gestion de l’eau, ou à la
valorisation et la transformation de produits de base, véritables
socles indispensables au décollage économique des territoires. Au
Sénégal, ce sont 7 moulins à céréales qui permettent à plus de 2 600
femmes de Ndiognick (Région de Kaffrine), d’avoir accès à un moulin
dans leur propre communauté où le mil souna représente près de 70 % des
productions locales.
Des infrastructures qui leur ont fait gagner 5 heures sur le temps
moyen journalier qu’elles consacraient autrefois aux travaux liés à la
mouture des céréales. A Nguer Malal (Région de Louga), c’est la
promotion de l’aviculture villageoise qui est encouragée, à Taïba
Ndiaye (Région de Thiès), un fonds d’impulsion vient favoriser l’essor
de l’économie locale, tandis qu’au Togo, les infrastructures
d’assainissement de l’eau sont privilégiées à Agou Nyogbo Agbétiko,
Katanga ou Kovié. Autant de graines qui font germer une nouvelle
dynamique et encouragent les populations à prendre en main leur destin.
Et pour favoriser la diffusion de ces démarches innovantes et des
enseignements ainsi acquis, c’est tout un réseau d’expertise qui
devrait progressivement se mettre en place.
En devenant partenaire du renforcement des capacités locales de
développement et de l’accompagnement des populations dans
l’apprentissage des bonnes pratiques, la Francophonie démontre
qu’au-delà de la langue, elle est une véritable chaîne de solidarité
qui unit ses peuples.
12 Avril 2014
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