Réfugiés: Angela Merkel n'entend pas laisser la Grèce «plonger dans le chaos»

Par Caroline Paré

L'Union européenne ne peut pas laisser la Grèce «plonger dans le chaos» face à l'afflux migratoire, a martelé dimanche la chancelière Angela Merkel, des milliers de migrants étant bloqués en territoire grec après la fermeture de frontières à travers les Balkans. La Grèce a averti dimanche que le nombre de migrants bloqués sur son territoire risquait de tripler en mars, pour atteindre le chiffre de 70.000 personnes. Comment expliquer cette solidarité allemande à l'égard de la Grèce ?



« Pouvez-vous sérieusement croire que les pays de l'Euro ont combattu jusqu'au bout pour que la Grèce reste dans l'Euro (...) pour qu'un an plus tard, au final, on laisse pour ainsi dire la Grèce plonger dans le chaos ? », a lancé Angela Merkel, tout en ajoutant : « Mon foutu devoir et mon obligation est que cette Europe trouve un chemin ensemble ».



« Je trouve qu'on ne peut pas agir de sorte que nous abandonnions la Grèce. C'est pourquoi nous allons lundi prochain (7 mars, date du sommet de l'UE) discuter de comment nous allons rétablir le système Schengen pas à pas avec la Grèce », a déclaré Angela Merkel, soulignant être en contact régulier avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Pas de « plan B » à l'accord conclu entre l'UE et la Turquie pour réduire l'afflux de migrants



Angela Merkel maintient le cap. Recherche d'une solution européenne avec la Turquie dans la crise des réfugiés, condamnation de la fermeture des frontières dans les Balkans, la chancelière a prié les Allemands de lui faire confiance et de faire preuve de patience, rapporte notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux. « Je n'ai pas de plan B », a-t-elle répété à plusieurs reprises, alors que de plus en plus d'Allemands réclament, à leur tour, la fermeture des frontières.

Pour les observateurs, la chose est entendue, Angela Merkel a, bien sûr, un plan B. Le gouvernement envisagerait de fermer les frontières, mais il n'est pas question d'aborder le sujet avant les élections régionales du 13 mars dans trois Länder du pays, de peur d'être accusé d'opportunisme.

La chancelière a condamné, dimanche soir, tant les violences d'extrême droite que les agressions sexuelles du Nouvel An à Cologne. Son discours est devenu nettement plus répressif depuis que sa cote de popularité est en baisse.



Addendum :
Protection des enfants réfugiés : le Secrétaire Général du Conseil européen appelle les Etats membres à agir d’urgence

Strasbourg, 02.03.2016 – Protéger les enfants qui entrent en Europe pour éviter qu’ils soient la proie de criminels, mettre fin à la détention d’enfants et améliorer les procédures de détermination de l’âge : telles sont les mesures que doivent prendre sans délai les membres du Conseil de l’Europe.

Le Secrétaire Général, Thorbjørn Jagland, a adressé aujourd’hui aux chefs de gouvernement des 47 Etats membres du Conseil de l’Europe une lettre accompagnée d’un document proposant un ensemble de mesures prioritaires, qui visent à mieux assurer la sécurité et le traitement approprié des enfants demandeurs d’asile et réfugiés.

« La protection internationale des enfants qui fuient la guerre, la violence et les persécutions devrait aujourd’hui être une priorité pour tous les gouvernements européens », écrit Thorbjørn Jagland dans sa lettre.

On estime que, l’an dernier, quelque 300 000 enfants sont arrivés en Europe, dont beaucoup n’étaient pas accompagnés. Un tiers des migrants et des demandeurs d’asile qui passent de Turquie en Grèce sont des enfants. Depuis septembre dernier, deux enfants par jour en moyenne se sont noyés en tentant de traverser la Méditerranée. D’après Europol, au moins 10 000 enfants ont disparu depuis le début de la crise. Dans beaucoup de pays, des enfants demandeurs d’asile disparaissent quelques jours à peine après avoir été placés dans des centres d’accueil.

La priorité absolue doit être d’éviter que les enfants ne deviennent victimes de la violence, des abus, de l’exploitation et de la traite, note Thorbjørn Jagland.



« La crise des réfugiés est un paradis pour les trafiquants. Des milliers d’enfants n’échappent à la guerre que pour disparaître dans les bas-fonds des sociétés européennes. Il est difficile d’imaginer un impératif moral plus pressant que celui de veiller à la sécurité de ces filles et de ces garçons », a-t-il déclaré.

Il est indispensable de mettre en place des procédures permettant de désigner rapidement des tuteurs légaux pour les enfants non accompagnés, d’offrir aux enfants un hébergement convenable et sûr et de les confier à la garde d’un personnel dûment qualifié ou d’une famille d’accueil.

Les enfants ne devraient pas être placés dans des centres de rétention pour migrants, sauf dans des circonstances exceptionnelles et pour la durée la plus courte possible. Les pouvoirs publics devraient porter une attention particulière à la sécurité des filles, qui sont exposées à des risques multiples.

Les procédures de détermination de l’âge devraient être améliorées : lorsque l’âge d’un enfant est incertain, il convient de présumer qu’il s’agit d’un mineur et lui accorder en conséquence des mesures de protection spéciales, en attendant que son âge puisse être établi.

Le représentant spécial du Secrétaire Général sur les migrations et les réfugiés, l’ambassadeur Tomáš Boček, se rendra prochainement en mission d’information dans quelques-unes des régions où la pression migratoire est la plus forte, notamment la Grèce et « l’ex-République yougoslave de Macédoine », afin de dresser un tableau complet de la situation et de déterminer plus précisément quelles actions viables, adaptées aux besoins actuels, devraient être entreprises.

3 Mars 2016

Ecoutez RFI

Retour aux Migrations

Retour au Sommaire

 

INFORMATIONS SANS FRONTIERES

Paris
France
Europe
UniversitÈs
Infos
Contact