Reportage exclusif
Un Long Chemin vers la Liberté
...
Par Farid Affejee

Nous publions ici un reportage exclusif réalisé dans des conditions extrêmement périlleuses, par l'un de nos correspondants en Afrique, Farid Affejee, qui a décidé de relater de l'intérieur, le périple à travers l'Afrique de la grande migration que vivent tant de réfugiés, en se mêlant à eux. Parti d'Abidjan, il est passé par Bamako et se trouvait hier à Gao... Il raconte ses observations, les impressions ressenties sur son chemin... Le thé Azawad, les accoutrements rencontrés. Il nous raconte son voyage... Voici son deuxième récit.

L'économie de la migration et les stratégies de mobilités transnationales...


Samedi 29 Octobre 2016


L'économie de la migration et les stratégies de mobilités transnationales

Introduction

La visite diplomatique de la Chancelière Allemande le mois dernier dans les pays du sahel a entrainé une reforme dans le dispositif sécuritaire aux frontières sahéliennes, débouchant sur le durcissement de la mobilité transfrontalière des migrants notamment au Niger et au Mali. Cet durcissement est lié aux actions de surrackets mis en place par les forces de sécurité de ses pays et la construction des rapports de complicité dynamique entre celles-ci et les conducteurs des autocars. Nous avons effectué une observation participante sur le long de l'axe Bamako-Gao en passant par Mopti (Sévaré) entre le 20 et le 26 octobre 2016 dans le but de comprendre les dynamiques migratoires et les actions sous-jacentes qui structurent l'actualité mondiale.

L’institutionnalisation du racket et l'économie de la migration

La bonne santé de l'Europe en terme de réduction de la migration africaine induit au dysfonctionnement des services publiques chargé de la freiner. "Arrêter la migration africaine par tous les moyens" semble être le maitre mot sur le terrain. L'armé Malienne comme Nigérienne a, de fil en aiguille, institutionnalisé le racket à grande échelle sur les corridors en s'adonnant à des pratiques anti-professionnelles. Fixation de droit de passage, dépouillement brutale, intimidation etc, tous sortes actions repréhensivement illégales concurrent aux actions dites légitimes de réduction de la migration. Associées à ses techniques d'approches de dépouillement préméditée, il serais intéressant de savoir que le trajet Bamako-Gao (pris comme sujet d'étude) regorge une vingtaine de corridors. Et le corridor de Mopti semble se présenter comme le corridor donneur de coup-envoi en termes de racket à grande échelle. Les droits de passage fixés aux migrants varient en fonction des nationalités. Les syriens emportent la palme d'or des groupes sociaux les plus plumés, en suite vient les ivoiriens, les mauritaniens et enfin les guinéens.
Pour un migrant syrien, il doit s’acquitter d'une somme fixé en moyenne entre 15000 et 20000f CFA. Ces migrants syriens, sujet à notre étude, ont développé une stratégie d'ensemble où ils payent le droit de passage de façon collectivisée. Étant au nombre de 8 personnes et ressemblant à une composante familiale constituée, ce groupe de syrien se plaisait à fumer dans l'autocar, attitude de sérénité correspondant à une disposition anticipative des inconvénients du trajet et d'une supériorité raciale vis-à-vis de la majorité subsaharienne. Par à heure, les ivoiriens étaient perçus comme le second groupe ayant un potentiel économique à pourvoir. Et, j’étais le seul ivoirien. Le tarif était fixé en moyenne dans l'intervalle 10000f à 5000f CFA. Les mauritaniens et les guinéens, quant à eux, voyaient leur droit de passage navigué entre 5000f et 3000f. La communauté guinéenne et malienne étaient les plus représentative.



Au fur à mesure que nous progressons dans le trajet, les nationaux c'est-à-dire les maliens étaient ciblés aussi par les rackets compte tenu du conflit institué entre le nord et le sud. Ces maliens provenant en majorité du sud voyaient leur statut changé brutalement. Ils étaient soumis aux mêmes épreuves en contribuant à une hauteur de 500f ou de 1000f par personne. Dans cette même perspective, le droit de passage régressait, quittant l'axe de 5000F pour se stabiliser à 3000F Cfa toute nationalité confondu excepter pour les syriens, mais suivi d'une tolérance zéro pour ceux qui étaient épuisés financièrement. En moyenne, un corridor peut engranger un total économique de 120000F par autocar, si nous prenons en compte exclusivement que les autocars de 63 places dont la moyenne des non-nationaux peut avoisiner les 2/3.

Le trajet Bamako-Gao, tronçon privilégié des Maliens et Guinéens

Selon les propos d'un officier de la gendarmerie du corridor d'un village situé à 160kM de Gao, concernant la migration guinéenne; "j'ai contacté que 20 jeunes guinéens en moyenne franchissaient mon corridor par jour". Le constat est réel. Les jeunes maliens par contre ont cette facilité de déplacements sans réellement être inquiété dans la mesure où ils sont leur pays. L'axe Bamako-Gao est le tronçon privilégié des deux communautés candidates au statut de migrant économique. La ville de Gao est proche des frontières Algérienne et Nigériennes. Ces migrants, pour la grande majorité, ne sont pas à leur premier statut de clandestin et ils ont tous le même profil sociologique; niveau d'instruction au rabais. 8/10 en moyenne ont déjà emprunté cette voie notamment les maliens qui semblent maitriser les différents passages clandestins au niveau de la frontière algérienne, selon leurs propos. La communauté syrienne semble être la seule composante nouvelle dans ce grand ensemble des migrants immunisés.

Un nouveau modèle de réfugié syrien d'origine ouest-africaine en pleine construction

Des pseudo-réfugiés syriens se ruent à la conquête d'un statut de réfugiés économique. Ces syriens ayant participé activement aux économies africaines depuis les années 80 ont commencé à s'intégrer dans le cortège de la communauté des syriens victimes de la crise syrienne. Ces derniers créent des groupes de migrants collectifs et se rendent en Libye via le trajet Bamako-Gao. Ils s'organisent en communauté et prennent rendez vous à Bamako afin de minimiser le cout des droits de passage.

CONCLUSION

La politique anti-migratoire européenne fragilise les fondements des services de sécurité en encourageant les États sahéliens à adoptant toutes sortes de mesures, quelque soit leur nature déontologique, à enrayer la migration subsaharienne. Mais, cette héritage de mauvaise gestion publique va d’ancrée dans la structure mentale pour produire des États en instabilité perceptuelle parce que une espèce de délitement de lien social entre les communautés composant les nations frontalières est entrain de naitre. Comme illustration, nous avons les communautés migrantes et leur attaches reste au pays qui commencent à traiter les nigériens en l’occurrence de racistes et de personæ-non-grada dans leur pays.


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