Fev.
2010

L'actualité du Mois

Le Renouveau médiatique
Par Gilles Marchand



Cantonnés jusqu'ici à quelques fonctions bien définies, les médias abordent aujourd'hui un nouvel âge. Petit point lumineux.


Généralement bien connus des professionnels, les rouages médiatiques réels sont en général mal connus du public. Pourtant, aujourd'hui, grâce aux évolutions technologiques et à une prise en compte en pleine redéfinition, ils connaissent des transformations que tous les spécialistes ne cernent pas. Les développements en cours sont tels qu'une mise au point s'avère nécessaire. Nous abordons une phase de mutation qui va transformer certains de leurs modes opératoires et leur donner une place nouvelle dans la société civile. Les médias deviennent un élément déterminant du politique, de l'économique et du social et leur intervention est en train d'être redessinée, voire repensée. Ils sont amenés à jouer le rôle d'interface entre tous les domaines d'activité et le public. Cela remet en cause un grand nombre de leurs attributions traditionnelles visibles.

Cela transforme surtout les chemins que suivent les informations et les biens culturels. La structure de l'échange se modifie. Au départ pyramidale et organisée selon des cascade de responsabilités, celle-ci s'appuyait sur des relations hiérarchiques organisées autour de relais satellitaires qui respectaient une disposition verticale et permettaient donc une ligne éditoriale, voire une censure politique. Ce n'est plus aujourd'hui le cas à l'heure où les technologies de l'information, comme Internet où les produits multimédias instaurent des types de relations horizontales en renforçant l'interactivité entre tous les acteurs qui deviennent actifs en tous points du tissu médiatique. Il est très difficile pour les autorités publiques nationales d'instaurer un contrôle de ce qui est avant tout un instrument à la fois conçu pour éviter toute tentative de contingentement et pour contourner toute rupture du lien informationnel. On peut donc parler de structure neuronale où chaque individu peut jouer le rôle d'émetteur comme de récepteur, et surtout peut organiser entre lui et l'extérieur des relations multiples régulées et comptabilisables selon des termes d'audience qui font qu'un individu séparé peut fonctionner dans ce contexte comme les anciens relais médiatiques qu'étaient les chaînes de télévision ou les stations de radiodiffusion. Cela dépend de sa capacité créative et de l'étendue des moyens qu'il emploie. Cela modifie en outre les conditions de l'échange et la culture médiatique de manière profonde.



Une nouvelle culture est en train de naître qui fait la synthèse des anciennes mais nécessite de l'imagination afin d'inventer les éléments comportementaux et relationnels nouveaux qu'il s'agit  de mettre en place. Cette culture doit réinventer les fondamentaux. Réexaminer un monde qui naît à l'aune de l'expérience des anciens afin de profiter de leur savoir. Bref effectuer une relecture du monde avec les outils d'aujourd'hui pour définir de nouveaux modes de fonctionnement.  Dans ce contexte, les médias sont appelés à fonctionner d'une manière originale et à devenir des sources d'approvisionnement culturelles et informationnelles. Une part de l'activité médiatique va devenir un relais de la pratique décisionnelle. C'est pourquoi une structure nouvelle doit se mettre en place. Une structure qui allie l'administratif et le médiatique devra permettre un exercice plus rapide et plus précis du pouvoir et instaurer des relations de communication entre tous les acteurs désignés de cette activité. Des départements entiers doivent être créés au sein de tous les ministères et de toutes les administrations afin de permettre d'articuler les données de plus en plus complexes de la prise de décision. Parallèlement, il est nécessaire de recréer une démocratisation de l'accès à ces réseaux, relais de l'action publique. A terme, il doit être possible pour chaque citoyen de disposer d'une voix, la sienne, dans l'exercice de la prise de décision. Il y aurait par conséquent un vote à échéances dont il s'agit de préciser la fréquence, qui permettrait la réalisation d'études et de sondages qui faciliteraient grandement l'exercice de la démocratie et la rendraient viable y compris grâce à l'irruption des nouvelles technologies. Celles-ci deviendraient alors des atouts plutôt que des obstacles. Mais pour se faire, il est  nécessaire de changer une part de la psychologie des acteurs politiques face à celles-ci.

Nous accomplirions ainsi une quadrature du cercle qui paraissait jusque là incertaine.

Février 2011

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