Juin
2018

L'actualité du Mois



L’Aveuglement
Par
Gilles Marchand


En marge de tous les discours légitimes sur l’environnement, il faut aujourd’hui dénoncer l’inaction et l’extraordinaire — et encore plus surprenante — cécité du genre humain face au danger grandissant des dégâts qu’il cause à la seule planète qu’il ait à sa soit-disant disposition, et au vivant.

Le constat est triste et révoltant. L’Homme est malheureusement assis sur une branche qu’il passe son temps à consciemment scier. Il a oublié un robinet de sa gigantesque baignoire et elle va déborder détruisant son grand appartement stellaire. Or, sa bonne conscience en fait le plus appliqué des pollueurs, le plus déterminé des déverseurs de déchets dans les océans. Son « je m’en foutisme » semble l’exonèrer de la réflexion minimale qui pourrait pourtant le sauver. Le plus grave est là : C’est cela, une incroyable candeur qui veut qu’il continue à collectivement détruire son milieu sans se poser les questions liminaires qui devraient provoquer un sursaut, son réveil face aux problématiques climatiques.

Or des solutions existent, mais nous trainons des pieds pour les appliquer. Conduire des voitures à essences et des engins à énergies fossiles est comme de fumer dans une pièce confinée, comme de boucaner dans la salle d’attente d’un médecin. Il est grave de constater que nous n’accélèrons pas davantage sur les véhicules électriques et les voitures hybrides ou à hydrogène autant que nous le devrions. Le chauffage urbain devrait être repensé de fond en combles. Passer aux énergies décarbonées devrait être une priorité urgente. Les transports y gagneraient en modernité et en puissance. Or, il faut voir le travail de lobbying des représentants des énergies fossiles pour essayer d’invalider le recours aux renouvelables. Pourtant, la logique est là et elle est à l’œuvre. Le solaire et l’éolien sont moins chers que le charbon, que le gaz naturel et bientôt que le nucléaire et que les énergies fossiles adossées sur le pétrole. Combien de coups médiatiques pour éteindre les velléités de la filière hydrogène ? Combien de tentatives pour invalider ses possibilités pourtant bien réelles ?



Et pourtant elle arrive peu à peu à surmonter tous les obstacles qui ont été mis sur sa route. Il y a sur cette planète des gens dont le principal but est l’inscription de zéros supplémentaires sur des listings financiers, et qui au nom d’une logique mercantile, strictement économique, mettent un point d’honneur à agir contre l’intérêt du genre humain et des espèces vivantes sur l’espèce de vaisseau spatial où nous nous trouvons. Ils n’ont cure des drames qui se jouent parce qu’ils peuvent pour l’instant s’y soustraire. Le pire est qu’ils reprochent à ceux qui voient clair leur franchise et leur prévenance. Il n’est pas question d’empêcher la croissance et l’économie, mais il est indispensable d’imaginer une autre forme d’activité, plus respectueuse des contraintes que nous imposent nos ressources. Certaines choses sont quasi illimitées, comme la quantité d’oxygène ou d’hydrogène présente dans les mers. Et surtout le génie humain, l’imagination des entrepreneurs, s’ils tiennent compte des nouveaux paramètres ambiants.

Il faut parfois dans la vie que des voix s’élèvent et que des esprits disent non à ce type d’injonctions mortifères. Organiser les pénuries ne servira en définitive à rien. Il faut rétablir les abondances. Donner de l’espace et du temps à tous. Sauver la biodiversité en sanctuarisant des terres et des réserves marines, d’urgence comme c’est le cas en Corse. Préserver les équilibres et les espèces, autrement que sur le terrain du strict génie génétique. Garder la maitrise des populations en encourageant le planning familial et une forme de contrôle des naissances. La planète n’est pas faite pour accueillir des milliards d’habitants supplémentaires. Mieux vaut s’organiser plus intelligemment, en facilitant les naissances mais une natalité suffisamment contingentée pour respecter les équilibres naturels. Ce n’est pas du malthusianisme. C’est juste un constat dont on tire les conséquences. Faire le choix d’une vie plus qualitative que quantitative. La course à l’explosion exponentielle des populations est un choix grave. Dangereux. Qui créera des problèmes insurmontables. Il ne faut bien sûr pas attenter à la vie humaine et il n’est absolument pas question de la remettre en cause mais bien au contraire de lui donner les moyens de se maintenir pour une durée étendue de son histoire. De la manière la plus indolore et la plus inspirée possible.

Nous avons encore notre destin en main. Ne gâchons ces chances qui nous viennent. Réagissons enfin à la hauteur des crises qui nous viennent. De nos discours dépend notre réalité à venir. Il s’agit de faire le nécessaire à temps et de sauver les futures strates humaines qui se succéderont. Pas simplement un groupe de collègues. C’est la mission exaltante de notre génération. Ce devrait être le but de tous les habitants du monde. Notre but actuel et à venir, perpétuellement renouvelé.


15 Juin 2018

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