Informatique sans Frontières et le NEPAD
Par Gilles Marchand

Notre action s'inscrit dans le cadre du nouveau partenariat pour le développement économique de l'Afrique. Illustration...



La communication et les flux trans-frontières sont une réalité ancienne en Afrique. Mais en quoi les nouvelles technologies de l'information et de la communication peuvent-elles offrir un plus et permettre de faire reculer les malheurs ? Et pourquoi faire ? Comment peuvent-elles générer de l'activité ? Il faut d'abord avoir à l'esprit les problématiques culturelles, éthiques, techniques, entre autres, du continent.

Il y a moins de téléphones en Afrique que dans Manhattan...

Or, les modèles de pénétration occidentaux ne peuvent être appliqués. Il y a de nombreuses raisons qui expliquent cet état de fait. Il s'agit de réfléchir aux modèles à inventer pour inverser cette logique, et de penser aux usagers. Les notions symboliques, la lecture, l'écrit, les images véhiculés par Internet, ont un potentiel énorme, dont l'enjeu en terme d'interfaçage, de facilitation des échanges, est énorme. L'important consiste bien à assurer une médiation, la mise en relation des utilisateurs. C'est tout le travail d'Informatique sans Frontières. Donner accès aux contenus. Il s'agit de permettre l'utilisation des infrastructures de communication, et de donner accès aux services et aux technologies à ceux qui en sont privés.

Dans le contexte du multilinguisme vécu comme une barrière, la traduction automatique ou simultanée, la reconnaissance vocale permettent d'imaginer des solutions originales qui aplanissent les difficultés. La formation est un aspect fondamental de ce travail. Le problème de la maîtrise des technologies, des connaissances nécessaires pour développer les contenus, mais aussi les services est central. Bref, les hommes — et les femmes — sont la valeur centrale de ce processus.

Il s'agit aussi d'offrir des services à ceux qui utilisent Internet, mais aussi à ceux qui le développent. La question de la pérennité des projets est liée à cet aspect des choses. Une partie de la réflexion sur les actions doit servir à en assurer la pérennité. Elles sont souvent pluridisciplinaires. Des enseignants, des prestataires, des administrateurs, entre autres, seront impliqués. Même pour les petits projets. Nous cherchons à développer le maximum de partenariats avec le privé afin de décupler la portée des actions que nous menons. Nous imaginons, par exemple, des associations pour des services à des communautés en leur offrant des services tiers de commerce électronique à des prix qui ne soient pas forcément ceux du marché. Nous cherchons à mieux cerner les besoins pour mieux y répondre. A savoir comment rendre transposables en Afrique les méthodes qui se sont révélées les plus efficaces...

C'est pourquoi nous avons suivi avec attention ce qui s'est passé au sommet sur la société de l'Information à Genève fin 2003, et que nous sommes attentifs aux recommandations de L'UNESCO sur ces sujets. Une déclaration sur la sauvegarde du patrimoine numérique et sur l'accès aux données nous paraissait appropriée.

C'est pourquoi nous cherchons à contribuer au développement de la formation à distance : les campus virtuels, ou la formation à distance d'enseignants sur une pédagogie qui elle, peut être sans informatique. Nous croyons au travail que peuvent réaliser l'Union Européenne, l'agence spatiale européenne, Alcatel, dans ces domaines, à l'heure où se mettent en place de nouveaux schémas directeurs et de nouveaux outils dans le secteur des télécoms surtout à partir de février 2004.

L'initiative Infodev de la Banque Mondiale, née en 1995, sur l'éducation, la santé, l'environnement, la gouvernance, et des formulations pionnières ou des techniques de développement inédites va dans le même sens. Nous encourageons les logiciels libres, les politiques de communication ciblées, mais elles ne sont rien sans l'expérience des pays qui reste déterminante. La réactivité locale est primordiale. Nous répondons à l'initiative du Président Wade sur la solidarité numérique, en créant des centres de formation en ligne dans la périphérie de Dakar, grâce à l'aide de la SOPEL.

L'Afrique à un potentiel important. La preuve, il y a eu. en un an, plus de lignes téléphoniques installées en Chine, qu'en 50 ans en Afrique. On doit pouvoir faire beaucoup mieux. Le Nepad est la première initiative continentale africaine qui donne une lisibilité aux politiques de NTIC. Tout le monde contribue à instaurer de nouvelles solutions qui puissent répondre à des problèmes qui, eux, sont anciens, mais pour rendre le Nepad le plus opérationnel possible, les acteurs les plus dynamiques et les plus imaginatifs doivent trouver les moyens de contourner les problèmes.

Dans un contexte où les liaisonnements entre acteurs sont souvent encore insuffisants, nous cherchons à apporter une expertise qui réponde au problème des chaînons manquants. Notre rapidité, la légèreté de notre logistique, accentuent notre capacité d'intervention. Ce sont des projets sociétaux avant tout : les gouvernements, les entreprises, la société civile, les organisations externes doivent tous se sentir concernés, afin de mettre en commun leurs ressources et leurs énergies. Ces acteurs ont tous été capables d'envisager leur rôle sous un angle différent. Jouer le rôle de leaders et de facilitateurs, d'exprimer une vision d'avenir et d'alléger les handicaps. Des business models durables sont une garantie indispensable, mais l'essentiel est de faire parler ceux qui sont exclus de ces processus.

Ce que nous envisageons aujourd'hui ne fournira de solution que s'il est envisagé comme un jeu à somme positive (Bruno Lanvin, Banque Mondiale).

C'est un projet mondial.

Paris, 2003

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