Kouchner : "On peut envisager la proclamation rapide d’un Etat palestinien"
Par AFP



Le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner estime qu'"on peut envisager" la proclamation et la "reconnaissance immédiate" d'un Etat palestinien avant même les négociations sur ses frontières, dans une interview au Journal du Dimanche paru samedi. Le ministre doit dîner, dimanche soir, avec le président de l'Autorité palestinienne, M. Abbas.

"La question qui se pose, en ce moment, c'est la construction d'une réalité : la France forme des policiers palestiniens, des entreprises se créent en Cisjordanie...", a-t-il déclaré. "Ensuite, on peut envisager la proclamation rapide d'un Etat palestinien, et sa reconnaissance immédiate par la communauté internationale, avant même la négociation sur les frontières", a-t-il ajouté. "Je serai tenté par cela (...). Je ne suis pas sûr d'être suivi, ni même d'avoir raison", a-t-il encore dit.

"À L'ENCONTRE DE L'IDÉE MÊME DE PAIX ?"

Un haut responsable  israélien qui a requis l'anonymat, interrogé dimanche matin par l'AFP, s'est opposé à l'idée évoquée par le ministre français. "Imposer un tel semblant de solution partielle de l'extérieur va à l'encontre de l'idée même de paix", a-t-il affirmé à l'agence de presse. "Accorder une telle reconnaissance alors que les dossiers du conflit ne sont pas réglés ne ferait que jeter de l'huile sur le feu. Cela ne pourrait que pousser les Palestiniens à se montrer encore plus intransigeants et à rendre ainsi tout compromis impossible", a-t-il prédit.

Le premier ministre palestinien Salam Fayyad a déclaré pour sa part son intention de donner naissance à un Etat palestinien indépendant et viable "dans les faits et sur le terrain" en 2011, quelle que soit l'avancée des discussions avec Israël. "Si à la mi-2011, le processus politique n'a pas mis fin à l'occupation, j'ai fait le pari que l'état d'avancement des infrastructures et des institutions palestiniennes créera une telle pression qu'Israël sera contraint de renoncer à l'occupation", a-t-il déclaré à plusieurs médias français qui publiaient vendredi cette interview.
Les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens sont au point mort. Le président palestinien Mahmoud Abbas, en visite en France dimanche 21 et lundi 22 février, a accepté le principe de discussions indirectes avec l'Etat hébreu sous l'égide des Etats-Unis mais il réclame des garanties de la part de Washington, selon son entourage. M. Abbas n'a en revanche pas renoncé à son exigence d'un gel complet de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée avant de reprendre des discussions de paix directes avec les Israéliens.
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Février 2010

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