Le Caire théâtre d'un ballet diplomatique pour la paix au Proche-Orient
Par Reuters


Le président égyptien Hosni Moubarak s'est fait, dimanche 18 juillet au Caire, le chorégraphe d'un ballet diplomatique impliquant Etats-Unis, Autorité palestinienne et Israël, sans parvenir à créer les conditions d'une reprise des pourparlers de paix directs entre ces deux derniers.

Si l'Egypte joue de longue date un rôle de médiateur dans le processus de paix, il est inhabituel que sa capitale accueille simultanément ses principaux protagonistes, qui se livrent plus couramment à une diplomatie de la navette. Cependant, les visiteurs de Moubarak – George Mitchell, représentant spécial du président Barack Obama, le président palestinien Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou – n'ont fait que se croiser chez le chef de l'Etat égyptien.

Les trois hommes se sont rendus séparément et successivement auprès de Moubarak, flanqué pour l'occasion de son ministre des affaires étrangères et du chef de ses services de renseignement. Premier visiteur du "Raïs", l'ex-sénateur Mitchell, qui avait rencontré ces dernières 48 heures Nétanyahou à Jérusalem et Abbas à Ramallah, a quitté la présidence d'un pas pressé au terme d'un entrevue d'une heure, sans prendre le temps de s'adresser à la presse.

NÉGOCIATIONS ENCORE STÉRILES

Quelques minutes après le départ de son convoi de limousines blanches aux vitres teintées, un cortège de limousines noires équipées pareillement de verres fumés déposait le président palestinien devant les bureaux de Moubarak, qu'il a quittés une demi-heure plus tard, dédaignant lui aussi les journalistes.

Nétanyahou, dont les déplacements au Caire sont rarissimes, est arrivé à la présidence égyptienne sur les talons d'Abbas, après avoir annoncé plus tôt qu'il évoquerait avec Moubarak les chances de reprise de pourparlers directs avec les Palestiniens. "Je sais que l'Egypte est aussi intéressée que nous à faire avancer le processus de paix", avait confié le premier ministre israélien dans la matinée aux journalistes à Jérusalem.

L'agence de presse officielle égyptienne MENA a rapporté que les échanges de Moubarak avec ses visiteurs avaient tourné autour des "efforts en vue de créer les conditions nécessaires pour faire avancer le processus de paix et aboutir à une solution à deux Etats". Le chef de la diplomatie égyptienne a été un peu plus disert devant la presse en précisant que ces entretiens n'avaient pas encore permis de favoriser une reprise des pourparlers directs entre Israël et les Palestiniens, comme le souhaitent les Etats-Unis avec la bénédiction de l'Egypte.

DEUX CONDITIONS POSÉES PAR LA PARTIE PALESTINIENNE

Dans une interview parue samedi dans un journal jordanien, Abbas énumère deux conditions sine qua non pour reprendre les pourparlers directs avec Israël, auxquels l'Etat juif se dit pour sa part prêt à tout moment. Abbas demande qu'Israël accepte le principe de la présence d'une tierce partie – ce pourrait être l'OTAN – chargée de veiller à la sécurité du futur Etat palestinien, qu'Israël souhaite démilitarisé. De l'autre, il réclame de l'Etat juif la reconnaissance des frontières d'avant la guerre de 1967 comme base des discussions sur les contours du futur Etat indépendant palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale, quitte à procéder à des échanges territoriaux "équitables" et limités.

Les dirigeants palestiniens disent n'avoir reçu encore aucune réponse d'Israël à leurs conditions, mais le ministre égyptien a assuré que Nétanyahou s'était déclaré "résolu à offrir aux Palestiniens un marché honnête". Le chef de la diplomatie égyptienne a toutefois fait état d'un "fossé" persistant entre "les besoins de sécurité d'Israël et les frontières pour les Palestiniens". Il a enfin noté qu'il restait encore du temps pour rapprocher les points de vue avant l'échéance, en septembre, des pourparlers indirects engagés sous l'égide de M. Mitchell.

Article Complémentaire :

Obama affirme son engagement pour un Etat palestinien
Par AFP

Après avoir reçu le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou à la Maison Blanche, le président américain Barack Obama a assuré vendredi 9 juillet le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de son engagement en faveur de l'établissement d'un Etat palestinien. Les deux hommes ont eu un entretien téléphonique "au sujet des derniers événements politiques", selon le porte-parole de M. Abbas.


S"M. Obama a promis à M. Abbas de faire tous son possible pour l'établissement d'un Etat palestinien indépendant vivant dans la sécurité, la paix et la stabilité aux côtés d'Israël", a souligné le porte-parole palestinien. "Il a exprimé son espoir d'un passage rapide à des négociations directes entre les deux parties, palestinienne et israélienne", et a annoncé au dirigeant palestinien le retour dans la région la semaine prochaine du médiateur américain George Mitchell.

VERS UN RENFORCEMENT "DES DISCUSSIONS DE PROXIMITÉ"

Côté palestinien, M. Abbas a fait part au président Obama de "son implication dans un processus de paix sérieux, continu, et qui mène à la fin de l'occupation israélienne des territoires palestiniens occupés depuis 1967 et à l'instauration d'un Etat palestinien indépendant". La Maison Blanche a confirmé cet entretien téléphonique dans un communiqué, soulignant que le président Obama avait "relevé la dynamique positive créée par les récentes améliorations sur le terrain à Gaza et en Cisjordanie, la retenue manifestée par les deux parties ces derniers mois et le progrès des discussions de proximité israélo-palestiniennes en cours".

La rencontre Obama-Nétanyahou à la Maison Blanche a été présentée par les Etats-Unis et Israël comme un réchauffement après des mois de tensions. M. Obama a même paru appuyer la demande de M. Nétanyahou d'un passage des actuelles négociations indirectes à des pourparlers directs. Mais Mahmoud Abbas a réaffirmé depuis à plusieurs reprises ne pas voir l'intérêt de négociations directes sans "réponses" ou "signaux" d'Israël sur les questions de la sécurité et des frontières.

Les Palestiniens demandent que leur futur Etat soit basé sur les frontières d'avant la guerre israélo-arabe de juin 1967, avec comme capitale Jérusalem-Est, à majorité arabe et annexée par Israël.


Juillet 2010

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