Enquête
Cinéma français : vitalité de la production en 2007
Par Nicole Vulser


D'après l'étude annuelle du Centre national de la cinématographie (CNC), l'année 2007 a montré une bonne vitalité de la production. Un constat que juge toutefois trompeur le récent rapport indépendant du Club des 13, conduit par la réalisatrice Pascale Ferran et centré sur les maux du cinéma d'auteur (Le Monde du 28 avril).

En 2007, pas moins de 228 films ont été agréés par le CNC, dont 185 films "d'initiative française" (produits, majoritairement ou intégralement, par des partenaires français). Ce résultat n'atteint pas le niveau historique de 2005 (avec 240 films), mais se place au-dessus de la moyenne des six dernières années établie à 213 films. Un tel foisonnement se traduit par une importante part de marché des films français en salles (36,5 % des entrées en 2007). Envers de la médaille : l'embouteillage dans la distribution des films pénalise les films d'auteur. Touchés par une forte rotation en salles, ils peinent à se rentabiliser, faute de public.

Investissements historiques. 2007 est une année record en matière d'investissements dans les films d'initiative française, qui pour la première fois dépassent le milliard d'euros (1,2 milliard d'euros avec les coproductions étrangères). En dix ans, ils ont augmenté de près de 60 %. Le budget moyen d'un film s'est établi à 5,43 millions d'euros en 2007.

Davantage de films à moyen budget.
La tendance à la bipolarisation de la production - davantage de films à très gros budget et aussi de films à très petits budgets - au détriment des films dits "du milieu" (entre 4 et 7 millions d'euros de budget) est déplorée par le Club des 13. Leur rapport, basé sur des chiffres allant jusqu'en 2006, est titré : "Le milieu n'est pas un pont mais une faille." Or, en 2007, la catégorie des productions moyennes est, de façon encourageante, celle qui a le plus progressé, tant en nombre de films (+10) qu'en investissements (passant de 11,6 % à 16,1 %). Il est toutefois prématuré d'affirmer s'il s'agit ou non d'une tendance structurelle.

Deux tiers des investissements sont toujours affectés aux films à gros budget (plus de 7 millions d'euros). Six longs métrages ont un devis supérieur à 20 millions d'euros, dont Babylon Babies, de Mathieu Kassovitz, Mr Nobody, de Jaco Van Dormael, Faubourg 36, de Christophe Barratier, Agathe Cléry, d'Etienne Chatiliez ou les deux films sur Jacques Mesrine de Jean-François Richet.

A l'autre bout de la chaîne, 35 films se débrouillent tant bien que mal avec un budget considéré comme tout petit au cinéma (moins de 1 million d'euros). Dans cette catégorie, 60 % sont des documentaires.

Des jeunes réalisateurs à foison. Spécificité française, les premiers et deuxièmes films représentent 56,2 % de la production d'initiative française. Les premiers films (72) atteignent leur niveau le plus élevé depuis dix ans. Les deuxièmes films restent dans la moyenne des dernières années (32). Leur devis a été particulièrement élevé (7,4 millions d'euros).

L'arrivée de nouveaux financiers.
En France, les chaînes de télévision doivent statutairement financer le cinéma, ce qui explique leur rôle historique de banquier "forcé" du septième art. En 2007, l'apport de Canal+ (160 millions d'euros) et celui des chaînes en clair (125 millions d'euros) ont atteint un sommet historique. Mais plus d'un quart des films agréés ont été bouclés sans l'aide d'aucune télévision.

D'autres banquiers du cinéma font leur apparition, aux côtés des producteurs et des chaînes de télévision. Les distributeurs et les exportateurs de films apportent désormais respectivement 9,5 % et 8,2 % du financement des films. Les crédits d'impôt aux producteurs, les sociétés de financement du cinéma et de l'audiovisuel (Sofica) ou les aides des régions ont augmenté de façon significative. Avec plus de 10,3 millions d'euros, l'Ile-de-France occupe une place prépondérante (65 % des aides publiques régionales) loin devant Rhône-Alpes Cinéma, le Nord-Pas-de-Calais ou la région PACA.

Un secteur émietté. Gaumont a été le producteur le plus actif avec 5 films, dont le devis moyen s'élève à plus de 11 millions d'euros. En dehors de ce mastodonte, le paysage est très divers : sur les 159 sociétés ayant produit les 185 films d'initiative française, 122 d'entre elles n'ont mis en chantier qu'un seul long métrage.

Mai 2008

Abonnez-vous au Monde


Retour à la Culture

Retour au sommaire

INFORMATIONS SANS FRONTIERES
Paris
France
Europe
Universit»s
Infos
Contact