Technologie, science, culture... L'Afrique, nouvelle priorité de l'Unesco
Avec Le Soleil




L'intérêt de l'Unesco pour le continent africain a pris une autre tournure depuis le sommet de l'Union africaine consacré à la célébration des cinquantenaires des indépendances de 2013.

Une semaine africaine centrée sur le développement de l'agriculture suivie de jours de réflexion avec un panel d'historiens et de spécialistes chargés de plancher sur une nouvelle édition du manuel « Histoire générale de l'Afrique » se sont déroulés à Paris au mois de juin. L'ingénierie, la technologie, la science, l'économie, la paix, la culture et la liberté d'expression sont les projets phares de la promesse de l'Unesco de faire de l'Afrique une priorité absolue.

L'Afrique, un « continent sans espoir ». Ce stéréotype pourtant longtemps véhiculé en Occident est, aujourd'hui, battu en brèche par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation et la culture. L'Unesco entend surfer sur la nouvelle image de l'Afrique devenue « positive avec les espoirs des millions d'Africains ».

Si le changement de sémantique est important, il ne demeure pas moins l'existence de « plusieurs défis comme le risque d'instabilité majeure et de conflit dans les années à venir » comme l'avait fait remarquer Irina Bokova, la directrice générale de l'Unesco, lors de la semaine africaine fin mai dernier. L'organisation a mis en place l' « Agenda 2063 » adopté à l'occasion de la célébration du 50ème anniversaire de l'organisation de l'Unité africaine par les chefs d'Etat et de gouvernement en mai 2013.

L'agenda prend en compte la diversité de l'Afrique et définit ainsi les trajectoires et les enjeux liés à la Renaissance africaine avec des changements d'attitudes, de mentalités afin d'inculquer les vrais valeurs africaines qui seront les fondements de la construction d'un continent prospère, intègre et paisible. En accord avec l'agenda de l'Unesco, la commission de l'Union africaine traduit cet agenda en objectifs concrets par des jalons, actions et mesures et l'adoption d'un Plan stratégique (2014-2017) qui définit 8 domaines prioritaires dont la bonne gouvernance, la stabilité et la paix. Ainsi, la stratégie opérationnelle de l'Unesco pour l'Afrique qui va se poursuivre jusqu'en 2021 prend en considération ses défis ainsi que les problèmes identifiés par les Africains et les organisations régionales et continentales.

Pour Mme Bokova, la stratégie met en évidence les progrès accomplis par les pays africains par rapport à la construction des sociétés démocratiques afin de favoriser la bonne gouvernance. L' « Agenda 2063 » adopté devant les chefs d'Etat et de gouvernement africains est complété par la stratégie de l'Unesco à travers « la promotion d'une culture de la paix et de non-violence en Afrique basée sur les valeurs partagées et la nécessité de mettre en œuvre une stratégie, solide qui viendra compléter les efforts des gouvernements africains et les institutions régionales pour consolider la stabilité et promouvoir un développement ».

Science, technologie et innovation

C'est ainsi que sur les 6 programmes phares que l'Unesco entend développer à travers sa stratégie, la promotion de la culture de la paix et de la non-violence se situe en première position. C'est une politique qui « vise à répondre aux principaux défis de la paix et de la sécurité en Afrique ». Ainsi, l'Unesco s'appuie sur ses textes fondateurs qui stipulent « qu'une paix fondée sur les seuls accords économiques et politiques des gouvernements ne saurait entraîner l'adhésion unanime, durable et sincère des peuples et que, par conséquent, (... ) cette paix doit être établie sur le fondement de la solidarité intellectuelle et morale de l'humanité ».

L'éducation fait partie aussi de l'Adn de l'Unesco. L'organisation siégeant à la Place Fontenoy, dans le 7ème arrondissement de Paris, pense que pour atteindre l'objectif intitulé « Enseignement primaire universel d'ici 2015 » qui se matérialise par 1,6 million de nouveaux enseignants, il en faut plus de « 1,4 million destinés à l'Afrique subsaharienne, en plus des 2 millions et quelques d'enseignants nécessaires pour contrebalancer les départs. Parmi les actions de l'Unesco, il est prévu de renforcer les capacités des institutions nationales de formation des enseignants afin de dispenser un apprentissage de qualité en utilisant des stratégies mixtes, notamment des TIC ».

Cette vision devrait permettre, selon la direction générale de l'Unesco, de consolider les systèmes éducatifs en vue du développement durable en Afrique pour améliorer l'équité en donnant plus de chance à tous les enfants africains y compris les jeunes filles afin de recevoir une éducation de qualité. Une éducation certes, mais qui peut être spécialisée dans les sciences, la technologie et l'innovation ainsi que les connaissances au service du développement socio-économique durable de l'Afrique. Pour l'Unesco, « les activités relatives à la science, l'ingénierie, la technologie et l'innovation acquièrent une grande importance pour le développement socio-économique durable. Et la formulation de politiques relatives à ce domaine est essentielle pour aborder ces défis majeurs du développement ».

Utiliser la science pour une gestion durable des ressources naturelles

Certains spécialistes de l'environnement prophétisent que les premiers réfugiés climatiques seront africains. D'où l'importance du programme sur la réduction des risques de catastrophes mais aussi d'encourager l'utilisation de la science pour une gestion durable des ressources naturelles de l'Afrique. Pour faire de l'Afrique une priorité, pour les dirigeants de l'Unesco, il faut « améliorer la gouvernance de l'environnement pour une gestion durable des ressources naturelles de l'Afrique, et pour des sociétés résilientes face aux catastrophes naturelles tendre à renforcer les capacités pertinentes des institutions et des réseaux scientifiques africains y afférant ».

Le programme touche parfois des parties sensibles de politique intérieure de gouvernement souverain comme le projet de combler « le manque de mesures pour la gestion durable du large capital naturel en Afrique : minéraux, le pétrole, les ressources d'eau douce et les océans, la riche biodiversité, la grande variété d'écosystèmes, les sols fertiles ».

Les ressources naturelles sont aussi importantes que la culture pour paraphraser Senghor, le président poète. L'Unesco acquiesce pour mettre le pouvoir de la culture au service du développement durable et de la paix dans un contexte d'intégration régionale. La Convention de 1972 concernant la protection du patrimoine culturel et naturel mondial a été ratifiée par 45 pays africains. Sur les 88 biens de la région inscrits sur la liste du patrimoine mondial, 16 se trouvent également sur la liste du patrimoine mondial en péril, en raison de situations de conflits ou de stratégies de conservation inadaptées.

La liberté d'expression, une réalité au Sénégal

La mise en œuvre du Plan d'action pour la réhabilitation du patrimoine culturel et de sauvegarde des manuscrits au Mali adopté au siège de l'Unesco le 18 février 2013 a pour but de veiller à la préservation de biens culturels africains séculaires. La culture de la démocratie est la pierre angulaire de la nouvelle politique de l'Unesco vers l'Afrique. La démocratie en Afrique doit se renforcer par la liberté d'expression et le développement des médias. L'organisation intensifie son appui aux initiatives pour la sécurité des journalistes dans ces pays, par l'intermédiaire du Plan d'action conjoint des Nations unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité.

En voyage de travail à Paris, Mme Ann Therese Ndong-Jatta, directrice régionale du bureau Unesco à Dakar, a tenu à féliciter le Sénégal qui célébre tous les ans la liberté de la presse ainsi que les autorités sénégalaises qui mettent tout en œuvre pour appliquer le code de la presse. « Au Sénégal, il existe une bonne gouvernance des médias et il y a une plus grande liberté d'expression qu'ailleurs, a poursuivi Mme Jatta ».

« La priorité à l'Afrique a été matérialisée par la création au sein de l'Unesco du département Afrique, selon Mme Fatim Guéye, ambassadeur permanent du Sénégal à l'Unesco. Ses différentes politiques visent à accélérer le développement de l'Afrique. La réforme institutionnelle de bureaux de l'Unesco appelés « hors sièges » rend la priorité Afrique plus visible et plus lisible ».

En effet, chacun des six bureaux de l'Unesco en Afrique va suivre une des six politiques de développement appelées programmes phares. Le bureau de Dakar hérite de la liberté d'expression et du développement des médias en Afrique.


12 Juillet 2014

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