A l’Institut du monde arabe, répondre à la terreur par la culture
Par Florence Evin

Jeudi 15 janvier, à Paris. Sur la façade irisée de l’Institut du monde arabe (IMA) rayonne un monumental « Nous sommes tous Charlie », lettres rouges, en arabe et en français. Cette déclaration choc des vingt et un pays arabes qui siègent à l’IMA accueille la centaine de personnalités – ministres, économistes, intellectuels, chercheurs, universitaires, écrivains… venus des Emirats arabes unis, d’Arabie saoudite, du Koweït, du Maghreb, du Proche-Orient… –, invités à participer à deux jours de débats sur les « Renouveaux du monde arabe ». Un forum prévu de longue date, revu à la lumière d’une actualité douloureuse.

La scène est d’autant plus incongrue que, derrière ce message d’union sacrée face au terrorisme qui a endeuillé la France, la fracture culturelle reste à vif entre les deux rives de la Méditerranée. Du Maroc au Liban, à l’Egypte, jusqu’en Jordanie ou en Iran, les manifestants ont fait entendre leur fureur contre Charlie Hebdo qui a réitéré, dans son édition de mercredi 14 janvier, la publication de caricatures de Mahomet.

François Hollande, qui inaugurait ce forum, a rappelé, dans son discours – placé sous le signe d’une « renaissance possible », portée par les entrepreneurs et les artistes –, que « la France est un pays qui a des règles, des principes, des valeurs, dont l’une n’est pas négociable, la liberté ». Si le président de la République a été ovationné, dans les couloirs de l’IMA, les avis restaient partagés.

Les tensions, bien que policées, se sont exprimées avec force (...).

Mais les ministres chargés de la Culture des 28 pays de l'Union Européenne avaient fait front commun, dimanche 11 janvier, pour s'engager à défendre la liberté d'expression et de création, en condamnant la «barbarie» qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo (NDLR).

Cet attentat «innommable» visait «à restreindre la liberté de penser, s'exprimer et créer», qui sont «des valeurs fondamentales de la démocratie européenne», ont dénoncé les ministres, dans un communiqué commun rendu public par la présidence lettone de l'UE.

Les arts contre l'ignorance

«Nous n'acceptons pas les tentatives des terroristes d'imposer leur propres normes. Depuis des temps immémoriaux les arts ont inspiré la réflexion, faisant surgir de nouvelles idées et luttant contre l'intolérance et l'ignorance», poursuit la déclaration.

«Nous restons solidaires pour défendre la liberté d'expression et nous engageons à protéger le droit des artistes à créer librement», ajoutent ces ministres.

Beaucoup d'écrivains et de personnes de culture, dont Jean-Marie Le Clezio, se sont exprimés pour saluer cet esprit et se prononcer en faveur de la tolérance depuis ce 11 janvier (NDLR).

15 Janvier 2015

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