Résoudre les problématiques liées à l'eau en Méditerranée
Par Gilles Marchand


L'eau est partout ; 95% de notre corps en est constitué et sans elle, nous ne pourrions vivre. L'eau douce est cependant, au monde, la seule ressource d’eau naturelle directement consommée par l'homme, mais elle ne constitue qu'un pour cent de l'eau planétaire.

Or, au sud de l'Europe se trouve le berceau de civilisation dont nous sommes issus, la Méditerranée, adossée en Afrique du Nord à un Sahara qui ne cesse de gagner du terrain… Notre destin est directement lié à cette région du globe. Partout s'étendent des villes du Caire à Tanger qui ne cessent de grossir et de muter mais dont une des réalités de plus en plus cruelle réside dans la raréfaction de l'eau… Ce que nous pensons être problématique n'est rien au regard de ce que représenterait une pression démographique exacerbée par une dégradation des conditions de vie dans ces pays…

Pour réellement préserver notre propre intégrité et notre cohésion, ainsi que celle des peuples qui sont concernés, cette problématique étant aussi la nôtre, nous avons l'ardente obligation de ne pas laisser ce problème irrésolu. On vient, aujourd'hui, à manquer d'eau, les réserves s'épuisent, le réchauffement climatique fait fondre les glaciers, les nappes phréatiques sont de plus en plus polluées, et le peu de ressources d'eau douce encore disponibles sont extrêmement mal réparties.



Les océans recouvrent 70 % de la planète Terre ce qui nous offre une ressource en eau illimitée (comportant 97 % d’eau salée). D’après les derniers chiffres, 7 milliards d’humains dans une cinquantaine d’année manqueront d’eau. Pour préparer l’avenir et éviter un désastre humanitaire, pourquoi ne pas utiliser les progrès technologiques actuels et exploiter les ressources Naturelles ? Comment Alors, comment la technique de désalinisation de l’eau de mer peut-elle remédier à la pénurie d’eau annoncée ?

Désaliniser l'eau, une obligation…

Les techniques membranaires comme leur nom l'indique sont l'ensemble des techniques utilisant des membranes dans le procédé de dessalement. Ces techniques sont les plus performantes dans le domaine énergétique grâce a leur faible consommation d'énergie mais également dans le domaine de la production, elle apporte un rendement bien supérieur aux techniques thermiques. Le troisième avantage de cette technique est qu'on obtient une eau très pure présentant des qualités idéales pour notre organisme. Cependant, mise a part la rentabilité  plus importante que les autres techniques et l'économie d'énergie réalisé a son utilisation, cette technique présente quelques inconvénients : Ces membranes ne sont utilisables que environ 3 ans cela veut donc dire qu'un changement de membranes est obligatoires tous les 3 ans et a long terme l'usines dépense d'énormes frais d'installation puisque les membranes sont relativement chères a l'achat.



Egalement évoqué auparavant, cette technique présentait un rendement supérieur aux autres mais ce rendement n'est pas total ! Car 25% de la production a le fin du processus est inutilisable (saumure, solution très salé), cette solution est alors rejetée dans la mer et engendre des conséquences terrible sur l'écosystème ! Malgré ces points négatifs cette technique est à l'heure actuelle la meilleure sur le marché et présente de réels avantages du point de vue économique.

Les techniques utilisant l'énergie thermique telle que la distillation sont les plus répandues sur le marché du dessalement de l'eau de mer.  En effet, ce procédé est le premier ayant été utilisé par l'homme dans ce but. Cependant, la distillation consomme énormément d'énergie et reste très couteuse au niveau des installations industrielles. C'est pourquoi de nombreuses améliorations ont été réalisés et on donnés naissance a trois nouveaux procédés permettant de réduire considérablement la consommation d'énergie pendant le processus de dessalement. La distillation de base  (à simple effet), la production d'un mètre cube d'eau distillée nécessitait 700kW/h (kilowatt par heure) d'énergie thermique. La distillation multi-flash et à multiple effet, on ne requiert plus que 100kW/h (énergie thermique) soit 7 fois moins que pour la distillation à simple effet.



Ces améliorations représentent de réels progrès au niveau du coût de la distillation industrielle. De plus ces procédés présentent un autre avantage relevant du domaine sanitaire qui est de produire une eau la plus saine possible pour l'organisme, c'est la préoccupation principale des chercheurs ! Effectivement dans ces conditions de température (100°C) les microbes sont instantanément détruits ! En conclusion de cette technique : très peu rentables à part pour les usines ayant accès à des sources d'énergies peu coûteuses. Cependant, même si ces procédés sont très utilisés, occupant 70% des usines de dessalement actuelles, (principalement du fait qu'ils restent les moins couteux d'entre tous) ; d'autres techniques (techniques membranaires) connaissent  un réel essor et constituent une vraie innovation dans le marché du dessalement de l'eau de mer.

L'avenir est à la désalinisation solaire

La désalinisation solaire semble bien devoir s'imposer à terme comme une des solutions majeures de l'avenir. Des fabricants proposent d'ores et déjà plusieurs modèles… Un petit modèle domestique destiné à fournir l'eau de boisson pour une ou deux personnes (par exemple sur un bateau ou sur une ile déserte produisant 3 litres par jour d'eau douce purifiée.

Il existe déjà un modèle plus gros donnant au maximum (dans une région à fort  ensoleillement) 20 litres par jour d'eau douce purifiée, avec un capteur  solaire d'environ 3 mètres carrés. Le prix de revient de l'eau douce est de 10 à 20 euros par mètre cube  selon l'ensoleillement, le nombre de capteurs  installés, (à comparer à l'eau en bouteilles ou en jerrycans pouvant coûter jusqu'à 100 Euros par mètre cube).

Comme tout le monde le sait, la planète terre est également appelée la planète bleue ; ceci provient du fait que sa surface est recouverte à 72% d’eau.
Dans le monde nous pouvons en compter 1400 millions de Km3. C’est une quantité phénoménale ! Même si la consommation d’eau connaissait un accroissement formidable, il serait impossible de la consommer entièrement.



Mais ce n’est pas si simple, cette quantité d’eau colossale n’est pas à 100% propre à la consommation. La plus grande partie, 97,5% est de l’eau salée,  et le reste 2.5% est de l’eau douce. Répartition de cette eau douce : 68% en glaciers et neiges éternelles, 0.3% lacs et rivières, 29,9%  les eaux souterraines, (le reste dans les marres, humidité du sol). Nous voyons donc que seulement un tiers de l’eau douce est utilisable immédiatement (0.26% de la totalité de l’eau sur terre).

Cette ressource est stable.

La population mondiale (7,1 milliards d'habitants) utilise déjà environ 54% de l'eau douce accessible. Si l'on se base sur l'augmentation de la population, qui devrait atteindre 9 milliards d'habitants d'ici 2025, ce pourcentage devrait passer à 70%.

Outre le facteur de l’augmentation de la population, on constate un accroissement de la consommation par personne, par exemple, les Européens consomment aujourd'hui 8 fois plus d'eau douce que leurs grands-parents pour leur usage quotidien (progrès technologiques, lave-linge, lave-vaisselle, irrigation des terres).

Compte tenu de ces deux facteurs, l'homme pourrait utiliser plus de 90% de l'eau douce disponible d'ici 25 ans.

La pénurie d’eau touche tous les continents et plus de 40 % de la population de la planète. Actuellement, un milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. D’ici 2025, ce sont 2,8 milliards de personnes qui vivront dans des régions victimes de pénuries d’eau absolues ! Si l'augmentation des prélèvements en eau se poursuit au taux actuel, entre la moitié et les deux tiers de l'humanité devraient être en situation de stress hydrique* en 2025, et ce au détriment de tous les pays pauvres.

Définition : On assiste à un stress hydrique lorsque la demande en eau dépasse la quantité disponible ou lorsque sa mauvaise qualité en limite l'usage. Entrent dans cette catégorie les pays dont la disponibilité en eau par an et par habitant est inférieure à 1 700 mètres cubes, dans les zones arides notamment. En dessous de moins de 1 000 mètres cubes / habitant / an, on parle de pénurie d'eau.



Un véritable enjeu

Si nous ne prenons aucune mesure pour rendre l’eau moins rare, selon l'ONU, d'ici 2050 l'eau deviendra un enjeu économique aussi puissant que l'est aujourd'hui le pétrole ; à l'avenir, l'eau pourrait entraîner de nombreux conflits et faire l'objet de tous les chantages. A titre d’exemple, la question de l’eau a déjà pris un caractère géopolitique évident dans les relations entre Israël et les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, où les tensions prennent leur origine dans une disparité flagrante de consommation entre ces deux communautés qui partagent les même sources d’approvisionnement en eau. De plus, cette situation catastrophique est parfois entretenue par des guerres civiles où les autorités profitent de cet état de sécheresse et de pauvreté chronique pour décimer des populations opposée à leur politique en les laissant littéralement mourir de soif et de faim.

Ainsi, comme nous venons de le voir dans ces différents points, les tensions pour l’eau ne peuvent que s’accroître, sauf si nous réagissons à temps. Face à cette situation, le dessalement de l’eau de mer est devenu une nécessité primordiale au niveau mondial. Il s'agira de développer l'immense réseau d'adduction qui sera nécessaire pour acheminer l'eau des côtes vers les régions désertiques. Fabriquer les grandes ombrières qui permettront d'accentuer le rendement des récoltes et les systèmes innovants protégeant les réservoirs d'eau de l'évaporation. Construisant ainsi plus qu'une muraille verte, mais une véritable reconquête du désert par des zones viables et végétalisées accueillant les populations dans de bonnes conditions, évitant ainsi à la fois l'exode et l'entassement insalubre dans les villes.

Le savoir-faire est ancien : au IVe siècle avant J.C, les marins grecs dessalaient l'eau de mer, cela leur permettaient de subvenir à leurs besoins en eau lorsqu'ils effectuaient de longs séjours en mer.

Mais le premier procédé important date du milieu du 19ème siècle : à Aden, sur la mer Rouge (en 1869) une unité de dessalement était opérationnelle pour alimenter la flotte coloniale britannique, puis en 1928, l’île de Curaçao, aux Antilles, y avait recours.

La désalinisation de nos jours

Aujourd'hui, les usines de dessalement traitent à 90% de l’eau de mer et à 10% les eaux saumâtres (nappes souterraines salines).
Près de 60 millions de mètres cubes d’eau douce sont produits chaque jour par 17 000 installations de dessalement, réparties dans 120 pays.
Cela correspond à moins de 1% de l’eau consommée sur la planète mais au rythme actuel elle pourrait atteindre plus de 120 millions de mètres cubes en 2025. (Cela correspond aux deux tiers des besoins domestiques en eau des 450 millions de foyers qui seront sous le seuil minimum d’accès à l’eau en 2025.

Trouvant ainsi les moyens d'exploiter une ressource rare pour la rendre abondante, nous augmenterons la stabilité géostratégique de ces régions et nous contribuerons massivement à la préservation de la paix dans l'arc européen et méditerranéen...

7 Février 2014

Consultez le Site sur Le manque d'eau douce sur terre

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