ENVIRONNEMENT.
La voiture de demain roulera sans essence

Par Aymeric Renou

Pour les constructeurs automobiles, l'ère de l'après pétrole a déjà commencé. Tous travaillent sur l'avènement, d'ici dix ans, de la voiture à hydrogène... très prometteuse, comme nous l'avons constaté hier en essayant le prototype de Nissan.

PAS UN BRUIT, hormis ce petit sifflement, à peine perceptible, qui signale que le moteur est prêt à s'élancer. Bienvenue à bord d'une des toutes premières voitures autorisées à rouler en France grâce à une pile à combustible. L'engin, fabriqué sur une base du 4 x 4 compact X-Trail de Nissan, et présenté hier à l'essai en première mondiale dans les rues de Paris, n'est pas seulement silencieux : sa technologie permet d'obtenir des performances et une autonomie comparables à celles du moteur à explosion...

mais sans rejeter le moindre gramme de polluant dans l'atmosphère !

Au volant du X-Trail FCV (Fuel Cell Vehicle, véhicule à pile à combustible, en français), rien ne diffère ou presque de la conduite d'une voiture classique. Le moteur, électrique, réagit rapidement à la moindre pression sur l'accélérateur. Mais contrairement à un véhicule tout électrique très limité, la vitesse maximale peut ici atteindre 150 km/h pour une autonomie de 350 kilomètres. Sur le tableau de bord, un écran à cristaux liquides indique en temps réel la source d'énergie utilisée pour emmener la voiture.

« La technologie est encore trop cher »

A chaque accélération, une dose d'hydrogène, stockée sous forme de gaz dans une bonbonne placée sous le siège arrière, est envoyée vers la pile à combustible qui, en le mélangeant à de l'oxygène, provoque une réaction chimique produisant de l'électricité pour le moteur. Le résultat écologique est bluffant : au bout du pot d'échappement, quelques gouttes d'eau, produites par la condensation de la vapeur d'eau rejetée par la pile à combustible, sont le seul rejet dans l'atmosphère. De toutes les alternatives au pétrole, la pile à combustible est certainement la plus prometteuse. Tous les grands constructeurs s'y intéressent et font travailler leurs ingénieurs les plus pointus à son développement.

« Il reste beaucoup de choses techniques et surtout commerciales à régler, car la technologie coûte encore bien trop cher pour être commercialisée, reconnaît Brian Johnston, ingénieur en chef chargé du projet pile à combustible, chez Nissan, mais l'hydrogène sera à coup sûr l'une des solutions les plus viables de l'ère de l'après-pétrole. Compte tenu du prix actuel de l'or noir, une voiture à essence revient à environ 15 centimes d'euro par kilomètre. A long terme, le prix de revient d'un véhicule à hydrogène sera de moins de 10 centimes d'euro. »

Si les prototypes se multiplient - Nissan fait déjà rouler quelques exemplaires de son X-Trail, en location et comme taxis au Japon, tout comme BMW en Europe, avec sa Série 7 - la commercialisation apparaît encore lointaine. « Pas avant dix ans, annonce Brian Johnston, le temps de réduire le coût d'achat d'un véhicule à un niveau accessible. » Reste à prévoir les stations-service pour faire le plein d'hydrogène. La société Air Liquide, avec laquelle Nissan vient de signer un accord, s'engage à débuter le déploiement d'un réseau de pompes à hydrogène à partir de 2015.

Juin 2008

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