Immigration, frontières, asile:  Quelles politiques européennes ?
Par  J-D. Giuliani



La Fondation Robert Schuman a organisé le 27 juin à Bruxelles un débat sur le thème "Immigration, frontières, asile: Quelles politiques européennes?" avec Jacques Barrot, ancien Vice-président de la Commission européenne en charge du transport puis de la Justice et des Affaires intérieures et Carlos Coelho, député européen (PPE/PT). Le débat fut accueilli par l’Ambassadeur Philippe Etienne à la Représentation Permanente de la France auprès de l’Union européenne et modéré par Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman. 

Ouverture à l’immigration régulière
 
Nul ne peut rester insensible au drame du décès de centaines de victimes qui, femmes et enfants, fuyaient la misère et les conflits. L'horreur continue chaque jour, cette fois-ci aux abords de Malte. Et demain? Encore des Syriens? Peut-être un jour des Egyptiens ? Toujours des Africains
?

Au « plus jamais ça » que tous partagent, les réponses divergent et, finalement, se font attendre.



L'émotion submerge les uns, la colère les autres. La raison, pourtant, ne doit pas être absente. La Commission européenne voudrait une « vaste opération de sauvetage ». Serait-ce suffisant face à un phénomène qui ne va que s'amplifier ? Les témoignages des sauveteurs de ces naufragés convergent : dès qu'ils aperçoivent un navire européen, ils sautent à l'eau car ils savent qu'en Europe on applique spontanément, légalement et évidemment l'obligation d'assistance à personne en détresse qui est la règle absolue des marins. Une opération de sauvetage ne serait donc qu'une incitation de plus à prendre la mer quelles que soient les conditions pour sortir de l'enfer et rejoindre la riche Europe.
Alors que faire ?

Certainement pas créer un « machin » de plus, un corps européen qui donnerait bonne conscience et ne règlerait rien. Mais plus sûrement s'attaquer avec tous nos moyens à ceux qui font commerce de cette immigration illégale, à ceux qui la tolèrent ou la facilite, aider ceux qui la combattent et la combattre frontalement. Le président du Conseil italien parle d'une opération « militaro-humanitaire ». L'Europe et ses Etats membres en ont les moyens pour peu qu'ils ne cèdent pas à la seule compassion. L'aide aux pays d'où partent ces embarcations et leurs occupants doit être davantage conditionnée à une véritable lutte contre ces passeurs sans scrupule.



Peut-être l'Union sera-t-elle contrainte d'aller plus loin et d'envisager le recours à la force, y compris sur place ? Si l'on n'empêchera jamais un père ou une mère de tenter par tout moyen d'offrir un avenir à ses enfants en fuyant des situations invivables, toute une palette de moyens sont d'ores et déjà utilisables pour les convaincre d'emprunter de préférence la voie légale. Au nom de « l'obligation de protéger », dont se targue de plus en plus souvent la communauté internationale, l'Europe ne serait-elle pas légitime, alors qu'elle est devenue le premier continent d'immigration, à faire la police à ses frontières et d'utiliser tous moyens pour éviter d'avoir seulement à repêcher des morts sur ses côtes ? C'est-à-dire en réalité d'intervenir aux points de départ de ces bateaux-suicides ?



L'Union européenne ne peut pas se contenter d'améliorer la surveillance maritime, de renforcer les effectifs de Frontex, agence européenne bien loin des frontières en cause, ou de tenter d'y gagner quelques compétences bien difficiles à exercer. Ne pourrait-elle pas envisager une opération militaire, à vocation aussi civile, comme celle qu'elle a parfaitement réussie contre la piraterie au large de la Somalie ? Ne serait-elle pas capable de démanteler les réseaux de passeurs et d'employeurs clandestins qui réduisent en esclavage les malheureux qui s'embarquent sur des épaves pour rejoindre l'Eldorado européen ?

Une véritable stratégie concerne bien l'ensemble de l'Europe et non seulement les 10 Etats membres qui concentrent 90% des demandeurs d'asile. Elle doit conjuguer à la fois l'aide humanitaire et le soutien au développement ; mais elle doit aussi ne pas négliger, chez elle, la lutte contre les marchands de main d'œuvre et, plus loin, de mener le combat contre leurs fournisseurs et leurs complices.


14 octobre 2013 / 19 octobre 2013

Consultez le site de la fondation Robert Schuman

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