Juin
2014

L'actualité du Mois

Changer !
Par
Gilles Marchand




Répondre point par point au message adressé par le pays, c’est appeler à une refonte très profonde de l’architecture et des pratiques politiques des partis de gauche… La politique est à réinventer !


Nous venons de vivre — en direct — une des crises le plus graves et les plus profondes de notre histoire. Le FN est sans coup férir, devenu le premier parti du pays. Il va envoyer à Strasbourg un tiers du contingent des eurodéputés français. Il vient de faire rendre gorge aux deux partis qu’ils désignaient tour à tour comme ses ennemis.

L’extrême droite triomphe. C’est le résultat d’une stratégie ancienne qui a réussi.



Mais c’est bien là une catastrophe… La France est au bord de l’abime et il ne faut plus simplement se contenter de lui venir en aide : il faut la sauver… Non seulement elle sera très mal défendue à Strasbourg, mais une profonde insatisfaction a gagné le pays. Les français sont écœurés pour des raisons parfois symétriques du spectacle politique qui discrédite chaque jour un peu plus une classe politique étroitisée, qui malgré la valeur réelle de certaines de ses individualités, a collectivement une cruelle responsabilité à assumer face au spectacle du désastre…

Quelque chose — quelque part dans la mécanique interne du pays — s’est cassé.

Le  constat est grave. Le pays est sous le choc. Il faut en tirer les conséquences. Nous courrons vers une catastrophe encore plus grande. Il faut donc changer une pratique politique qui échoue. Une refondaison politique générale du pays devient indispensable. Et pour cela, le parti socialiste et les partis de gauche doivent être profondément rénovés dans leur architecture et dans leurs pratiques, dans leurs discours et dans la philosophie de vie qui doit les guider vers une nouvelle phase, inédite de leur évolution. Une révolution symbolique totale.



C’est cela, ou disparaître.

Il va falloir sortir d’une certaine prédominance du PS, pour lui substituer une superstructure unifiée de la gauche. Nous entrons dans une nouvelle étape de notre histoire et de la nature de la réponse que nous serons en mesure de formuler et de traduire ensuite concrètement, dépendra le destin collectif national. Il est urgentissime d’abattre les cloisons, de faire massivement entrer de nouveaux acteurs, d’associer en profondeur sans exclusive tous les citoyens qui seraient désireux de se rapprocher et de réfléchir à de nouvelles pratiques, repensées autour des nouvelles problématiques nationales, européennnes ou mondiales, et qui puissent effectivement les résoudre en faisant du pays, un nouveau champion international. Il faudra y associer toutes les autres composantes de la gauche et des partis progressistes quelques soient leurs orientations et leurs sensibilités propres.



L’union et l’unité de toutes les forces de gauche est la base même de cette nouvelle architecture, qui doit être une structure décloisonnée, presque déstructurée, même si c’est pour mieux accueillir pendant toute la période de refonte, toutes les volontés, toutes les idées et toutes les énergies, bien au delà des lignes traditionnelles. Des états généraux de la gauche ne suffiront pas. Il faut une nouvelle volonté, une nouvelle approche des pratiques, bref, une nouvelle vision de la politique.



Le dualisme politique traditionnel serait condamné à terme, si nous ne venions pas d’assister à son exécution par un parti d’extrême droite qui profite de la relative passivité des partis politiques anciennement dominants et de leur degré de respect des pratiques démocratiques traditionnelles. Il faut une refondation politique qui suppose aussi une refondaison démocratique. Une refondaison qui suppose d’abandonner les clivages droite-gauche anciens, ou si jamais d’aventure nous n’en conservions les enseignes, de faire éclater les oppositions stériles, pour leur substituer une architecture ultra-démocratique en réseaux, horizontale, et participative pour tous, qui fasse sa place à chacun selon des critères de compétence, mais aussi de pertinence. Nous devons abandonner les structures pyramidales, centralisées, paternalistes antidémocratiques et sclérosées, de type UMP et PS mais le FN est également concerné, parce ce parti a lui même une structure ancienne et dépassée. Nous sommes tous coresponsables, hommes politiques, société civile, et citoyens de l’avenir que nous devons nous forger à l’heure où le péril est en la demeure.  



Il faut établir une forme ultra-ramifiée, innervée à tous les niveaux de décision et de réflexion d’un pouvoir qui soit refondé pour qu’il ne soit plus impuissant, face à une réalité qui résiste, parce que le monde a profondément changé. Si l’exercice du pouvoir est devenu si délicat et difficile, c’est parce que les modalités de son exercice n’ont pas évolué depuis des décennies. La société politique traditionnelle est morte et elle continue de vivre, souvent — sinon toujours — coupée des réalités de la vie actuelle, sur l’illusion qu’elle entretient de son passé. Il faut se tourner résolument vers l’avenir. L’avenir, ce n’est pas trembler de peur face aux désideratas a priori imprévisibles des électeurs, l’avenir c’est d’associer et de restaurer le lien de confiance avec les gens qui le souhaitent. Nous devons associer le plus grand nombre aux décisions qui seront prises, c’est à dire même ceux que certains croient à tord perdus à jamais. Il faut dédiaboliser, non pas le FN — ses instances dirigeantes sont en réalité fragiles, outrancières, xénophobes, racistes, à la limite permanente du hors jeu — mais les français qui se sont tournés vers elles parce que les partis traditionnels ne faisaient pas leur boulôt. Il faut leur redonner des vraies raisons d’espérer et de se réjouir. Répondre à leurs problèmes. Etre à leur service. Oublier notre cas personnel pour mieux répondre aux soucis qu’ils rencontrent.



Quand les hommes politiques pratiquent la communication à outrance, quand ils ont peur d’eux-mêmes et des autres, ils ne tardent pas à avoir peur de leurs réactions, à vouloir plaire à tout le monde, et à produire l’effet inverse. Il faut aller vers les gens, avoir une foi en eux chevillée au corps, la certitude de leur intelligence collective, leurs choix sont des choix logiques, dictées par les nécessités et le difficultés d’un temps. Soit nous travaillons ensemble à les résoudre, soit nous sommes collectivement condamnés à revivre une part tragique notre histoire. Il n’y a pas vraiment de choix. Réussir n’est pas une option. C’est un devoir absolu. Nous devons à présent nous y atteler. Leur présenter le grand, le glorieux visage de la politique quand elle est faite pour de bonnes raisons. Efficace, intègre, désintéressée.

C’est de l’avenir dont il est question et il se décide aujourd’hui !

25 Mai 2014

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