Février
2015

L'actualité du Mois



Les Solutions sont en Vous
Par
Gilles Marchand


En matière d’énergie comme de transition écologique, notamment, certains experts européens souffrent d’une lecture souvent exagérement idéaliste face aux enjeux que le continent doit résoudre. Il dispose, heureusement, de ressources insoupçonnées qui peuvent l’aider à se prémunir de ces écueils !

Loin de nous l’idée de sombrer dans les visions déclinistes qui si souvent nous assaillent et encore moins dans le french-bashing si peu clairvoyant et que, d’une certaine manière, l’électrochoc qu’ont été les attentats de Charlie, et la réponse digne, clairvoyante et grave que le pays leur a apporté, ont heureusement contribué à faire taire. Mais ne pas porter secours à un groupe ou une foule qui fait fausse route au risque de se noyer serait une forme de non assistance à personnes en danger.

Or, pendant que le monde évolue à une vitesse toujours accrue les européens semblent devoir interminablement se bercer d’illusions dangereuses. La France et l’Europe ont — au moins — une révolution de retard ! Une façon d’aborder les problématiques ambiantes clairement contre-productive. Alors qu’un aspirant dictateur presse aux frontières d’un continent dont son pays fait incidemment partie et avec lequel il faudrait qu’il ait des relations plus normales, une lecture beaucoup plus volontariste de ce qui vient de se produire aurait du intervenir. Nous nous gargarisons parce que nous pensons avoir apporté une réponse à ce problème à Munich et à Minsk. La logique de la paix est nécessairement la plus souhaitable, mais nous ne devons pas pour autant oublier les leçons de l’histoire et ne pas se fier aux déclarations sans une garantie solide et la possibilité réelle de recourir à la force, si nécessaire. Nous assistions il y a deux jours à une conférence filmée de Jorge Semprun, dont les paroles résonnent étrangement dans ce contexte. Le grand européen qu’était Semprun dit très simplement, et avec une totale bienveillance, que le pacifisme béât c’est parfois la guerre. Daladier se lamentait d’être acclamé à son retour de Munich et Franco, du fait de notre non intervention après Guernica, a régné en maître de l’Espagne pendant quarante ans. L’Europe doit accueillir cette décision avec circonspection, gravité et volonté de mettre à l’épreuve des faits les résolutions qui ont été prises. La réponse russe doit être à la hauteur de sa responsabilité. Nous voulons des actes, des gestes irréfutables de bonne volonté et un calendrier de normalisation de la situation. Le véritable pouvoir consiste à disposer d’une capacité de violence, mais de ne pas avoir à s’en servir. De ne pas être pareils, disait Shakespeare, à ce qui en nous est le plus visible. Seule manière d’être maîtres de notre visage, ajoutait le dramaturge anglais.



Mais, loin d’être affaiblie, l’unité européenne doit sortir renforcée de cette situation. Mais il n’y a aucun blanc-seing donné au delà du nécessaire respect des différents acteurs du conflit. Trop de vies ont été perdues et un tel spectacle, pourrait à lui seul donner aux princes de la terre l’amour de la paix disait Napoléon à l’issue de la bataille d’Eylau. Résoudre ces questions a nécessairement soudé le couple franco-allemand. C’est une bonne nouvelle car elle augure de décisions communes à venir, notamment dans le domaine de la transition énergétique.

Pourtant, on constate à écouter les principaux dirigeants et analystes européens, pas nécessairement les chefs d’état ou de gouvernement, que les conceptions qui sont énoncées pêchent par une trop grande méconnaissance de certains éléments de la situation. Utiles et raisonnables, les discussions franco-allemandes sont riches d’enseignements mais elles manquent parfois cruellement d’une connaissance plus approfondie des sujets énergétiques. On est peiné de ne pas entendre ou presque parler d’hydrogène. Pas suffisamment. Quand Jeremy Rifkin était venu à Paris il y a quelques années, je lui avais posé la question de savoir comment créer une Europe de l’énergie, question à laquelle il avait très gentiment répondu. Je n’oublierai jamais la réponse visionnaire qu’il fit, disant que les capacités de financement des banques allemandes, son savoir-faire technologique, et le génie français en matière de recherche et développement pouvaient s’associer pour créer un champion de l’énergie, notamment dans le domaine de l’hydrogène. Analyse à laquelle nous ajoutons que que le quadrilatère électricité-eau-solaire-hydrogène est une des principales solution de l’avenir. Un rendement en pourcentage de l’infini, c’est toujours l’infini. La capacité énergétique du soleil est immense car une seule heure d’ensoleillement si nous savions la capturer, équivaut à un an de consommation énergétique mondiale.

Nous avons donc de la marge. A quoi il faut ajouter qu’un litre d’eau contient à lui seul 118 grammes d’hydrogène et que chaque étendue aquatique est en fait le substitut d’un champs de pétrole !

La formule E=Mc2 a gouverné le 20ème siècle. H2O = O2 + 4H est le graal absolue du siècle qui s’ouvre. La capacité que nous avons de fracturer une molécule d’eau en oxygène, un résidu qui est d’ailleurs pas négligeable à terme, et en hydrogène convertible en énergie dans une pile à combustible, est un miracle de la nature. Nous disposons donc un pont technologique entre les deux bouts de la chaîne énergétique. C’est une nouvelle et une information majeure car elle va transformer le monde. Je regrette simplement que ces sujets ne soient pas suffisamment été abordés. Lobbying des groupes pétroliers ou de l’industrie nucléaire ou simplement méconnaissance des décideurs, nous sommes malheureusement à la traine dans de nombreux domaines et le pire est que nous ne nous en rendons même pas compte. Par bonheur de nombreux élus contreviennent à cette vision conformiste et avancent sur ces sujets en créant les outils locaux de cette transition de type troisième révolution industrielle, c’est le cas dans le Nord et en Normandie notamment.



Nous regrettons également, qu’ailleurs, dans la méconnaissance générale, ou presque, un boom économique sans précédent a actuellement lieu dans le solaire aux Etats-Unis. Les capacités d’investissement américaines se développent et pendant que l’on stigmatise dans les thinks tanks européens le rôle soit-disant insignifiant du marché dans le financement de la transition énergétique, des entreprises privées américaines inventent aujourd’hui un business model radicalement nouveau et dont le succès est plus que fabuleux. Quel est donc cette idée géniale que n’ont pas pour l’instant les européens ? C’est la gratuité de l’installation tout simplement. Comment parvient-on à un résultat aussi stupéfiant ? Les entreprises récupèrent les subventions d’état destinées à aider l’installation de tels systèmes et elle procèdent à un partage. 20% des revenus de la revente de l’électricité au réseau vont au propriétaire et 20% vont à ces sociétés. Le reste va au financement du matériel. Et le tour est joué. Le solaire se répand à une vitesse phénoménale. Et le boom a lieu, en bonne et due forme. Méconnaitre le rôle essentiel du secteur privé est parfois un des défauts des plus brillants esprits. Le problème est que les européens, trop souvent, se préparent résolument, psychologiquement, à perdre. Or, il est pas question de voir les choses sous cet angle là. Il faut que nous extirpions le fossiles mentaux qui nous encombrent. A savoir une propension à la défaite et au repli identitaire qu’il faut absolument que nous retournions en volonté de développement et en capacité de gagner. Il nous faut bâtir de toutes pièces une propension au succès.

A l’heure où des experts peuvent sans que personne n’éclate de rire parler de désidérabilité des aspects contraignants et volontiers régressifs de certaines « technologies » écologiques, où on nous parle de retour à la bougie et de plaisir de pédaler sous la pluie, les autres continents se remettent à rêver. Ils conçoivent des voitures excitantes, non polluantes mais puissantes, des véhicules dont le design ne souffrent d’aucune limitation conceptuelle du moment que le modèle est environnementalement neutre. Rien n’empêche les européens de faire de même. Nous sommes même en pointe sur ces sujets pour certains de nos constructeurs comme Peugeot ou BMW. Nous devons inventer des objets ambitieux. Rêver à nouveau. Avoir une vie à la hauteur de nos potentiels réels. Nous avons intérieurisé certaines notions. Celle de la rareté est réelle, mais elle ne doit pas aboutir à des limitations idéelles. Nous devons inventer un modèle écologique qui ne soit pas une négation des progrès humains. Je pense sincèrement que c’est possible. Inventer des technologies véritablement propres qui augurent de la civilisation nouvelle qui se profile. Agir de manière respectueuse de l’environnement ne doit pas nous empêcher de penser et de rêver notre futur. Certaines technologies — comme le web 3D — vont pouvoir contribuer à répondre à ces problématiques. Donner au genre humain de l’espace et du temps. Comprendre les problématiques des temps nouveaux afin d’y répondre. Nous avons à faire montre d’une grande vigilance et présence d’esprit face aux enjeux qui secouent notre monde. L’heure est  aussi à la communication. Rien de ce qui se produit ne s’efface véritablement. La planète sur laquelle nous vivons, tous différents mais issus d’une seule et même espèce, l’humanité, est une immense chambre d’enregistrement. La somme des problèmes créés et celle des problèmes résolus ne s’équilibrent jamais tout à fait. Mais il en va de notre valeur comme de notre conscience. On n’outrepasse pas les lois humaines fondamentales sans en subir les conséquences. La mémoire des hommes est pleine des fantômes d’hommes qui se sont discrédité à tout jamais. C’est seulement de notre vivant que l’on peut faire montre de l’exemplarité des grands hommes — qui sont le plus souvent bienveillants, facilitateurs et créateurs —  et que nous avons une chance de modifier les choses et de construire durablement l’avenir. Tout va bien, vous êtes en vie… 

13 Février 2015

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