Juin
2015

L'actualité du Mois



De la planète comme terre de rattachement
Par
Gilles Marchand


Comme l’écrivait Paul Jorion, récemment, un extraterrestre écrira-t-il un jour, en parlant de nous, qu’une espèce s’était retrouvée confrontée à son extinction, qu’elle en fut pleinement consciente mais se découvrit tragiquement mal outillée pour faire face à une telle échéance, ses dirigeants considérant que le défi pharaonique dressé devant elle ne pouvait être relevé qu’en envisageant la question d’un point de vue « purement commercial », nous enferrant ainsi dans l’autodestruction ?

Il faut résolument s’éloigner de cette hypothèse et retrouver en toutes choses d’environnement une volonté de faire advenir une vision qui s’appuie sur des valeurs humaines réelles. Puisque nos modes de fonctionnement actuels à l’évidence dysfonctionnent, ce n’est qu’au prix d’une transformation intellectuelle et morale radicale que nous réussirons à intégrer les ferments salvateurs qui pourront nous faire sortir de l’ornière anthropologique dans laquelle nous sommes en train de nous enferrer. Il ne s’agit bien entendu pas de faire advenir un ordre moral autoritaire mais bien de responsabiliser tous ceux qui vivent sur cette planète afin qu’ils agissent enfin dans le sens de leur survie à long terme et de la régénération des éléments qui leur permettront de meilleures conditions d’existence. L’homme, chasseur et cueilleur de son milieu, doit devenir agriculteur de ses lieux de vie d’une manière intelligente et interconnectée que nous permettent aujourd’hui les réseaux. La technologie n’est pas la seule réponse à ce qui nous affecte mais elle en est un des aspects essentiels. Un faisceau de solutions indispensable à résoudre les grands chantiers qui sont désormais ouverts. Nous devons imaginer les outils intellectuels et techniques destinés à sauver l’humanité et la biodiversité dans son ensemble. Il va de soi que les espèces animales courent de grands dangers et que la réduction de leur milieu leur impose des restrictions qui limitent leur expansion, voire les amène à une extinction plus ou moins programmée devant laquelle nous devrions nous mobiliser immédiatement. Sortir du confort des préjugés, des certitudes assoupissantes, des croyances erronées, des superstitions dangereuses est aussi nécessaire que de respirer.

Il en va de notre capacité à survivre.



La décarbonisation des activités productives n’est pas une utopie : elle est la promesse d’un horizon prospère basé sur une économie d’un type nouveau. Une arrière-plan d’opportunités bien réelles qui doit nous inciter à relever le défis de la construction d’une nouvelle civilisation, le Renouveau, The Renewal, destinée à nous faire résolument entrer dans une modernité d’un genre tout à fait inédit et bien plus sophistiquée, à côté de laquelle notre monde nous paraitra retrospectivement barbare et inadapté. Il faudra des décennies pour accomplir totalement ce geste essentiel, et le compléter mais cet effort et les étapes qui le jalonneront seront passionnantes et fécondes. Concernant la biodiversité, notre projet de banque génétique animale nous parait être une nécessité absolue. Il sera possible de sauver l’intégralité du vivant grâce à des prélèvements infimes. Il est temps que les biotechnologies servent aussi à sauver des espèces. Concernant l’énergie : nous avons la chance d’arriver à un siècle de maitrise de l’énergie solaire et de l’hydrogène qui doit nous permettre de faire circuler énergie électrique et réserves de stockage d’énergie dans les deux sens de la chaine d’alimentation, nous laissant une immense latitude en matière de dépense d’énergétique. Ce saut technologique est aussi indispensable que le passage du blé et de l’avoine au charbon ou au pétrole. Il va modifier en profondeur les tenants de notre civilisation essentiellement basée sur les énergies fossiles. Nous avons besoin qu’émergent des hommes et des femmes, des leaders capables d’avoir intégré toutes ces données et de les distribuer pour permettre aux sociétés civiles de s’affirmer et de s’organiser en gérant mieux les extrémités des chaines  décisionnelles.



Vouloir un monde meilleur n’est pas une utopie : c’est un devoir moral… Une aspiration vers laquelle nous devons tous tendre et qui a toujours été un moteur de dépassement pour nos ancêtres. Faire en sorte que les besoins du très grand nombre soient respectés et assouvis dans la mesure et le respect des possibilités ambiantes est une nécessité qui n’est pas hors de notre portée. Et rien, jamais, ne pourra nous empêcher d’imaginer des manières de créer du temps et de l’espace pour les hommes qui viendront après nous. Il faut pour cela concrétiser et faire descendre dans la société les savoirs que nous sommes en train de mettre au point. C’est un processus dynamique qui laisse à un très grand nombre d’acteurs des possibilités très ouvertes de s’intégrer dans la mécanique générale de l’univers. Il s’agit donc d’imaginer un éventails de disparités qui soient moins criantes et réduire les inégalités dans un sens qui soit à la fois basé sur de haut standard et soutenable à long terme. Il ne doit pas y avoir d’exclusive. Juste des modes de vie nouveaux qui permettent une plus grande satisfaction des besoins économiques avec une prédation sur l’environnement réduite, des modes de production biologiques et circulaires, des individus qui ne soient non plus considérés comme des consommateurs mais comme de véritables éco-acteurs.



Une philosophie de vie nouvelle doit émerger qui fasse une place plus grande à la prise en compte consciente de l’autre pour développer des méthodes d’entraides internationales et de respect mutuel des grands régions planétaires qui aboutissent à une véritable paix universelle à l’intérieur et à l’extérieur de ces ensembles. Il ne doit pas y avoir de région défavorisée, comme c’est encore trop souvent le cas en Afrique, mais que des pays ayant accès à toutes les valeurs de civilisation sur un plan de quasi-égalité juridique et politique. L’accès à l’égalité est un principe du droit qui doit se répandre dans le monde comme un puissant facteur de progrès. Il ne peut se départir d’une souveraine aspiration à la liberté qui soit respectueuse de son milieu et de ceux qui le peuplent et de son corollaire, la Fraternité, principe sans lequel, le vivre ensemble global ne serait pas garanti de la même manière. Nous devons évoluer humainement jusqu’à permettre à tous de connaître une forme de développement plus élevé, et plus consenti. Accédant ainsi à ce progrès d’un type nouveau, ils seraient le meilleurs garants et ambassadeurs de modes de vie harmonieux à l’échelle des continents. A l’aune de cette philosophie de vie basée sur le respect de tous, les religions seraient elle-mêmes mieux comprises et documentées sur le plan historique et sociologique, afin de devenir des éléments d’un vivre ensemble revivifié qui agissent comme une superstructure permettant une forme de tolérance plus grande et plus respectueuse de tous.  

11 Juin 2015

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