Réguler le chaos médiatique
Par Gilles Marchand

Nous vivons aujourd'hui dans un désordre médiatique qui nous impose des motifs intellectuels éclatés, préjudiciables à l'organisation de la pensée.

Les choses n'arrivent pas dans l'ordre. Il n'y a pas de structuration dans le long empilement de connaissances que nous permet la société médiatique. Chaque élément est placé dans des positions aléatoires et vient à nous suivant des codes et le long de chaînes de dissémination marquées par un ordonnancement souvent absurde. Certains professionnels du domaine ont leurs propres techniques de mémorisation et de classement mais ce sont des tentatives individuelles qui ont plus de la mnémotechnique que de l'organisation réelle qui est encore à mettre en place.

Notre période est une charnière parce que deux types d'éducations, voire plus, coexistent en ce moment. Deux ou trois profils générationnels tributaires de conditions culturelles très différentes. Le fait qu'on se surprenne encore que des enfants issus de milieux sociaux élevés puissent être incapables de lire en sixième est révélateur. Il ne provient pas du système éducatif — quoique, et il faut savoir pourquoi — mais de la manière dont l'information vient à nous, plus que nous n'allions, d'ailleurs, à elle.

Le fait est que la principale interface avec le monde, en dehors de l'ordinateur, est la télévision et que celle-ci est l'outil le plus chaotique qui soit. Chaque chose se présente suivant un ordonnancement qui dépend rarement du spectateur, malgré la possibilité théorique qu'il a de zapper, ou d'éteindre ce qui devient un tour de force pour certains tant la capacité des images à hypnotiser est grande. Il y a plusieurs manières de regarder la télévision, celles ci dépendant principalement du spectateur et de son niveau de maîtrise face à ce qui devrait rester un outil et non une mare dans laquelle il viendrait se noyer.

Beaucoup d'enfants ne disposent pas de la protection minimale face à cette puissance de séduction. Il n'y a pas d'éducation appropriée face à la télévision. L'audio visuel est luxe dans le parcours scolaire qui concerne quelques happy-few mais il n'est souvent présent qu'à titre documentaire. Il n'y a pas de cours de communication à l'école et cela est dramatique.

Le langage de notre époque n'est pas enseigné aux enfants.

Ceci les prive d'une intégration de ce qui est une part constituante majeure de leur connaissance. Quand on pense aujourd'hui multimédia, on ne se dit malheureusement pas au moment de passer à l'intelligence artificielle et à certaine forme d'interactivité qu'une étape intermédiaire n'existe pas. Comme un pont servant à enjamber une rivière dont il manquerait un élément central.

Qu'on s'étonne ensuite du flou moral dans lequel pataugent beaucoup d'adolescents.

Pas de repères parce que pas de structure dans la pensée. Très peu d'esprit critique. Une absorption supplémentaire qui ne conduit qu'à un progressif effacement de la mémoire. Ce qui faisait office de fil conducteur a été constamment brisé par le rythme complètement éclaté du message télévisuel. L'esprit critique n'existe presque pas ou alors il est systématisé par des pseudo intellectuels qui font le métier de dire ce qu'il faut penser des émissions qu'ils viennent d'ingurgiter. Faillite supplémentaire de l'analyse. Une vaste entreprise de gommage dont sortent des capteurs sensibles souvent incapables de modifier ce qui vient à eux ce qui devrait être le but d'une éducation réussie. Une capacité d'intervention sur le monde. Une adaptation à celui ci.

Il faut entièrement repenser l'éducation.

Dans un monde qui a changé, dont les modes d'action et d'activité ne sont plus les mêmes, la persistance de méthodes datant d'un temps radicalement différent devient un crève-cœur collectif auquel peu échappent. Il faut recréer un ordre dans l'arrivée des informations qui sont destinées aux enfants. Une gradation, pour qu'une enfance existe et soit suivie par des étapes adaptées qui donneraient des adultes libres à l'arrivée.

Aujourd'hui, les classes d'age volent en éclat. Les messages sont horizontaux et s'adressent souvent au plus grand nombre pour les placer sur un pied d'égalité factice mais formulé comme tel. Certains se plaignent du manque de respect. Or il n'y a pas de hiérarchie communicationnelle. Un même message est décliné sur plusieurs niveaux de lecture. La différence d'appréciation crée donc une fausse égalité d'autant plus préjudiciable qu'elle ne provient pas de l'apprentissage mais de l'expérience. La structure est sous-jacente, mais reste absente à la perception de la majorité.

La juxtaposition obscène au sens philosophique du terme de profils d'émission radicalement incompatibles dissout la compréhension et évacue un sens déjà largement battu en brèche. Il faut repenser la structure pour qu'elle leur procure des outils intellectuels adaptés à l'époque dans laquelle nous vivons. Il faut qu'entrent dans les cours des notions de philosophie, de sociologie, de communication, de techniques filmiques. L'éducation civique aussi certes, mais là n'est pas le centre. Il faut que les enfants parlent, et à fortiori comprennent, les langages de leur temps.

Alors peut être se dissipera le flou. Reprendront les grilles de déchiffrage, s'organisera la pensée enfin libérée du bouillon, de la soupe primitive de l'information. Notre système médiatique s'est échafaudé empiriquement. Il n'a jamais été préalablement pensé dans son ensemble. On a surajouté au cours du temps ce que les nouvelles techniques rendaient possible. La télévision n'est pas en soit un mauvais outil, mais il est probablement un des plus mal utilisés et des plus dommageables à l'heure actuelle.

Souhaitons que ce qui a pris trois siècles à se formaliser, à savoir la maîtrise et le contrôle individuel du langage écrit, puisse trouver plus rapidement les moyens de son apprentissage pour le plus grand nombre. Cela n'est pas un danger, au contraire, cette connaissance, pour le moment réservé à un nombre relativement restreint d'officiants, créera une richesse économique et une adaptation des citoyens à la société dans laquelle ils vivront. La solution se concrétisera sans doute face à l'ordinateur en brûlant comme c'est souvent le cas les étapes quand s'emballent les techniques.

Dans le cas contraire nous irions davantage vers une société d'analphabètes, inadaptés et poussés toujours plus loin vers les franges de l'associabilité. Ce qui est inadmissible.


Gilles Marchand
Paris, Juillet 2015




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